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Fin du monde et poissons rouges
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Journal Chimiothérapeutique

Chimio #2 – J-5 – Mal aux cheveux

  • 28 septembre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Moral:9,5/10 – Météo: pas ouf – Poids:85.4 – Inspiration : en chute libre (ahaha)

Cela fait 3/4 jours que j’ai mal aux cheveux. La sensation ressemble étrangement au réveil d’une gueule de bois carabinée et que tes cheveux semblent pousser dans le mauvais sens. Racines des cheveux douloureuses, légères démangeaisons; Bref, je sens que ça arrive…

Depuis le début de la chimio, j’ai pris le réflexe de passer ma main dans les cheveux pour constater les dégâts et je m’en tirais bien jusqu’ici mais ce matin, bingo, 1 cheveux dans la main, puis 2, puis 4, puis…  Bob??? C’est toi??? Je trouve ta vengeance logique mais assez minable. Tu es vraiment un être méprisable.

Je mentirais si je disais que ça ne me faisait rien. Ce matin, ça me fait carrément chier même. On a beau être prévenu, on a beau s’y préparer depuis de longues semaines, on a beau s’auto-convaincre que ce n’est pas grand chose, que c’est temporaire, tout ça, tout ça… 

Je crois surtout que, quelque soit la situation, on espère toujours passer entre les gouttes…

Ce matin, j’ai sorti ma tondeuse, prêt à en découdre mais ma meuf me demande d’attendre encore un peu… Je ne comprends pas trop pourquoi, après tout, moi aussi, je fais ce que je veux, avec mes cheveux. Mais ok, attendons demain et profitons gaiement de ces derniers instants capillaires.

Je vois déjà tous ces gens sympathiques, gonflés à bloc de compassion, m’expliquer que ce n’est pas grave, que ça repoussera, que ce n’est que de l’apparence etc. Ils auront probablement le cas d’un proche à me soumettre là aussi. Je les remercie ici par avance, ça m’évitera de le faire de visu.

Quant au look Monsieur Propre, je me dis pourquoi pas, après tout. Même si il puait un peu le citron javelisé, il avait une certaine forme de classe, je suppose. J’avoue que quand j’étais gosse, j’avais d’autres rêves en tête que celui de ressembler au petit génie de la lessive et des surfaces carrelées qui brillent, tout musclé et élégant fut-il.

Le plus étrange, et ce qui me gène le plus dans cette histoire, ce ne sont pas les gens que je connais, ni ceux que je ne connais pas, mais les entre-deux… Je m’explique : 
– Les gens que je connais sont déjà plus ou moins au courant. Dans l’absolu ils ne seront donc pas choqués outre mesure. Au pire, ils se diront d’un air consterné : Merde! C’est chaud quand même !… Ils auront, je l’espère, la délicatesse (ou la décence) de faire mine qu’ils n’ont rien remarqué, que ça leur paraît normal ou même, pour les plus aventuriers, que cela ne me va pas si mal que ça.
– Les gens que je ne connais pas, ben, on s’en fou un peu je crois.
– Les pires donc, les entre deux… Tout ces gens que l’on côtoie sans connaître, ceux avec qui l’on échange sur la météo du jour, ceux à qui l’on dit bonjour le matin à l’école sans leur parler. La boulangère du coin de la rue, qui par ailleurs, fait la meilleure wiche Lorraine de tout Paris, la coiffeuse (ah, non, plus besoin d’aller la voir, tant mieux, je déteste aller chez le coiffeur). 
Tous ces gens remarqueront sans nul doute la débâcle en cours, ils en parlerons peut être à leur conjoint(e) respectif(ve) en disant:
– Tu sais le père d’Elisa…
– Non, je vois pas
– Mais si, le super beau gosse, hyper sympa… !
– Ah oui, ça y est, je vois, et bien quoi ?!!!
– Eh ben, je crois qu’il a un cancer…

Je serai toujours dans une position délicate entre vouloir leur expliquer et retomber dans la nième explication de mon état etc. ou faire semblant de ne pas voir leur réaction de surprise/pitié.

Voilà pour le côté emmerdant de la chose car il est parfois pratique de pouvoir dissimuler son état de fatigue avec un sourire ou une blague mais sans cheveux, difficile de faire diversion. Heureusement que l’hiver arrive, le bonnet me sauvera sûrement de moultes situations délicates.

Il n’y a pas grand chose à dire de plus, le moral reste inchangé et c’est heureux. Nous sommes toujours dans le premier quart temps de cette « longue maladie » comme on dit dans les médias. Il ne s’agit pas d’un sprint et d’un combat comme j’ai cru au départ mais bien d’une course de fond…

Je prends donc mon temps et j’en profite (de ouf). Je vais particulièrement bien, les oiseaux chantent, l’herbe est toujours plus verte qu’avant et suis entouré par des gens extrêmement biens veillants. Voilà pour le passage de pommade…

Pour le reste, Chimio #2 dans 5 jours et il n’en restera plus que 6! Le temps est long alors on profite ! C’est un ordre !

Journal Chimiothérapeutique

Chimio #1 – J+12 – Fear of the dark

  • 25 septembre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Moral:9,5/10 – Météo: Automnale – Poids:85.2 – Inspiration : Retour aux sources

Ce matin, je souhaite revenir sur un passage que je n’ai pas encore abordé. Pourtant, nul doute qu’il fait partie intégrante de l’épreuve à proprement parler. Il s’agit de l’annonce ou plus précisément des annonces.

Plantons le décors si tu veux bien.

Nous sommes début Juillet, dans le sud de la France, 35° bien tapés, les cigales s’en donnent à cœur joie. Il doit être 16h et nous nous chauffons tranquillement au Ricard en attendant patiemment l’heure de l’apéro. L’instant est grave car nous sommes bientôt à court de glaçons. Le vacarme des discussions familiales bat son plein lorsque le téléphone de ma mère sonne. Il faut dire que j’attends les résultats d’une biopsie passée 8 jours avant et suspens, le médecin au bout du fil connait le numéro gagnant.

En un quart de seconde, le visage de ma mère se décompose. Le silence devient assourdissant, il faut croire que la biscotte est tombée du mauvais coté cette fois. Les nouvelles ne sont pas bonnes et on connaît la suite, Cancer du sein et blablabla. J’avoue que j’édulcore un peu la scène mais pas tant que ça je crois.

Je ne suis pas sûr de pouvoir relater ici exactement ce que j’ai ressenti sur le moment. La mémoire et l’analyse après l’histoire modifient souvent la perception que l’on peut avoir des choses.

Un fait certain cependant, je ne suis pas vraiment surpris par la nouvelle. Il faudrait que je demande à d’autres membres du club pour savoir si ils ont eu le même genre de pressentiment avant le verdict.

J’ai l’impression que je l’ai su dès le moment où j’ai touché cette fameuse « boule »*, dès la première « auto-palpation » comme il est écrit dans les rapports médicaux. Preuve en est, je suis allé voir le médecin 3 jours après, chose dont je ne suis absolument pas coutumier.

*: Je parle de la boule pour éviter l’emploi du mot Tumeur devant ma fille… Sans déconner, on pourrait pas trouver un mot plus sympa que Tumeur ???

Passé le choc de cette première annonce, retour à l’apéro, on va quand même pas laisser fondre les derniers glaçons sans réagir ! Évidemment, tout le monde est catastrophé, le Ricard sans glaçons c’est vraiment pas possible…

Après une heure de tergiversations sur les scénarios envisageables, je vois que ma mère s’est isolée dans la cuisine avec quelques membres de la famille. J’ai la vague impression que le sujet de discussion ne concerne pas la taille des tranches de saucisson et c’est bien dommage. Je m’empresse donc d’intervenir au plus vite pour éviter la crise.

Ma mère est en pleure, ce que je peux comprendre. Elle me dit que ce n’est pas normal, que ce n’est pas juste, que cette affliction devrait lui arriver à elle plutôt qu’à son fils adoré qu’elle aime etc. Je sais bien qu’il s’agit d’un réflexe naturel, là n’est pas la question. Sur le coup, je m’énerve un peu contre elle. Je prends un ton réprobateur, limite agressif, pour lui dire que je n’ai absolument pas besoin de sa tristesse en ce moment précis, que j’ai besoin de son aide, pas de son abattement, qu’il est hors de question d’inverser les rôles, ce n’est pas à moi de consoler tout le monde!

Elle s’est alors excusée. Pauvre! Et la vie a repris sont cours, nous voilà reparti verre en main pour un pillage en règle des cacahuètes. J’avoue m’en vouloir un peu aujourd’hui de l’avoir rembarré de la sorte mais je pense qu’il s’agissait avant tout de la sortir de sa torpeur, certes compréhensible mais au combien pesante… J’avais besoin d’action non de réaction, de panache et non d’apitoiement.

Une première annonce terminée avec succès.

Le soir même, j’ai voulu faire l’annonce à ma fille de 5 ans. Sans entrer dans l’éternel débat entre doit on protéger les enfants de ce type de nouvelle ou pas, j’ai tenté de lui expliquer le plus clairement et le plus simplement du monde ce qu’il m’arrivait, sans filtre. Je demande à ma fille de venir s’assoir sur mes genoux et lui dit :

– Elisa, j’ai quelque chose d’important à te dire…
À ce moment là, elle comprend tout à fait que c’est du sérieux et vu ma tête, elle doit penser qu’elle va être privée de tablette pendant au moins dix minutes… Pauvre enfant !

Exactement comme je l’aurais fait pour un adulte ou presque*, je lui explique que j’ai une boule au sein, qu’il s’agit d’un Cancer, que je risque d’être très malade et fatigué pendant une longue période.

* : Je dis presque car je prends rarement un adulte sur les genoux pour expliquer quoique ce soit.

– Est-ce que tu vas mourir ? – Hum, Non! Je ne pense pas… Il va falloir attendre encore un peu avant que je te cède mon téléphone et ma collec de Pin’s ! Je crois que ces histoires d’héritage rendent les gosses complètement tarés…
– Par contre, je risque de perdre tous mes cheveux tu sais. Là, elle éclate de rire en disant :
– Ahhh, mais tu vas être mooooche!

Ça nous a fait rire tous les deux. S’en suit un déluge de câlins et de bisous. Elle me promets qu’elle sera sage (Déjà mytho à 5 ans, ça fait peur), qu’elle m’aidera et surtout qu’elle sera mon médicament et qu’elle va me guérir.

Je pense que c’est à ce moment précis que je prends réellement conscience du truc avec ma voix intérieure qui débarque :
– Hey Meeeeec ! Et si jamais tu en crèves de cette merde ??? (Oui, ma voix intérieure est un peu grossière et parle comme une kaïra des années 90…)

L’espace d’un instant, le calme et l’aplomb qui me caractérisent laissent place à une angoisse palpable et relativement désagréable. Et cette voix intérieur de continuer la torture :
– D’une : ce genre de responsabilité est à double tranchant. Si tu casses ta pipe elle est bonne pour le psy à vie car elle considérera que c’est sa faute…
– De deux : démerde toi pour trouver rapidement une parade et la dé-responsabiliser maintenant…
– Trois : Heu… C’est tout ce que j’ai à dire, bon courage.

La voix intérieure, c’est sympa pour t’aider à culpabiliser mais ça vaut vraiment que dalle pour trouver des solutions…

Hormis l’irrésistible envie de lâcher une petite larme, signe je suis encore humain et que ma formation de bouddhiste à l’épreuve des balles n’est pas encore terminée, je vois surtout la mort de manière très concrète à ce moment là. Elle est là, juste devant moi et la peur du noir, (cf le titre de l’article) surgit de nulle part. Pour le coup, je ne plaisante pas, un noeud dans le ventre, un peu comme quand tu sors d’un McDo après un menu Maxi Best of Deluxe + Nuggets et Sunday…

Je tente tant bien que mal de lui expliquer que les médicaments, parfois ne fonctionnent pas, que nous ne pouvons pas toujours tout contrôler. Je lui dis que tout le monde fait et fera de son mieux et que tout va bien se passer et qu’il n’y a rien de grave. Pas sûr que l’on puisse jamais se préparer à parler de sa propre mort à une enfant de 5 ans.

Une deuxième annonce, plus douloureuse qu’escomptée.

Pour le reste, il suffira de passer le même disque avec quelques variantes suivant les interlocuteurs…

Possible que dans ces moments là, l’entourage soit plus affecté que le malade lui même. Notion à vérifier avec le club. Quand j’annonce le truc à quelqu’un, je me sens toujours obligé de le rassurer, de lui dire que tout va bien et de ne pas s’inquiéter, comme si je devais me justifier d’une certaine manière. Je le fais volontiers et de façon naturelle mais cela reste un poids supplémentaire.

Dernier exemple en date, hier matin, j’ai fait l’annonce à Juliette, gardienne de l’école maternelle. À choisir j’aurais préféré ne pas avoir à lui dire quoique ce soit mais voilà, le changement de densité capillaire approche et je préfère lui éviter le choc d’un look Fabien Barthez du jour au lendemain. Ça a été assez dur car, je l’ai senti profondément triste et gênée d’apprendre la nouvelle. Elle en avait presque la larme à l’oeil, elle qui est toujours d’humeur joyeuse et avenante. L’exercice est parfois pénible.

Sans sous-estimer quoique ce soit, je ne peux pas dire pour l’instant que cela m’ai rendu triste, inquiet, déprimé ou rien en fait. Ça ne m’a jamais empêché de dormir. Au contraire, j’ai toujours pris cela sur le ton de la dérision, comme l’immense majorité des événements dans ma vie d’ailleurs. S’agit-il d’un mécanisme de protection ou d’une bêtise supérieure à la normal? Sûrement un mix des deux ! Chacun se fera son idée.

J’ai parfois l’impression d’être insensible, comme si je voyais ça d’un œil extérieur, amusé mais non concerné par la situation.

Comme il se fait tard, ce sera peut être l’objet d’un futur article.

Petite explication sur le titre: L’amour ce n’est pas un homme…
J’espère que quelques uns comprendront (Jules, aide moi!)

Fin du monde

Exponentielle et effondrement

  • 21 septembre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Voilà longtemps que je souhaite écrire sur ce sujet toride et exaltant qu’est l’exponentielle. Après 5 jours à essayer tant bien que mal, me voici devant le panneau blanc, correcteur orthographique prêt à déguster alors, je me lance.

Hop, hop, hop! Je sens bien ton exaltation et l’écume aux commissures de tes lèvres mais un mot avant de commencer. Le but n’est pas du tout de faire un cours sur l’exponentielle, j’en serais bien incapable, mais simplement d’en faire le tour et d’en saisir le vice.

Dans l’absolu, tout le monde sait à peu près de quoi il s’agit, une valeur qui augmente progressivement, de plus en plus vite, et plus on avance dans le temps plus l’augmentation est rapide et frénétique. Arrêtons là pour la théorie et comme tout ceci est bien abstrait, commençons par un exemple ou plutôt une « expérimentation ».

=========== Expérimentation #1

Imagine une bactérie, toute simple…, hum tu dois bien avoir en tête une image de bactérie, pense aux pubs pour dentifrice, ca devrait aider.

Imagine maintenant que cette toute petite bactérie se divise et se réplique toutes les heures inlassablement. Ainsi, à chaque heure qui passe, elle se « multiplie » par deux. Au départ il y en a 1, puis une heure après 2, puis 4, 8, 16, etc.

Passons maintenant en cuisine et mettons notre chère bactérie dans un bocal. Peu importe la taille*, cela ne change strictement rien à l’expérience et j’insiste sur ce point très important.

*: Je te vois venir avec tes pensées perverses mais là, il s’agit d’une expérience scientifique alors un peu de concentration.

Nous voilà donc devant notre bocal, et, sans la voir à l’oeil nu, notre bactérie fait sa petite vie tranquille. On laisse reposer un certain temps, disons 2 semaines mais peu importe. Pendant ces deux premières semaines on ne remarque rien, quasiment aucune activité puis, on commence à distinguer quelque chose, probablement une vague forme visqueuse, sale repoussante, à l’odeur nauséabonde… Tiens, ça me rappelle un de mes profs de Maths du collège! L’heure suivante, la forme est maintenant bien visible. L’heure d’après, elle vient de doubler de volume. Il est grand temps de lui donner un prénom. Que penses tu de Bob?

A midi très précisément, Bob fini par occuper la moitié du bocal et c’est là que tout bascule.

Tiens, une petite devinette: D’après toi, à quelle heure Bob va occuper la totalité du bocal ? Petite astuce, comme Bob double de volume toutes les heures et qu’il occupe la moitié du bocal, il y a de fortes chances que ce soit une heure après !!!

À 13h donc, Bob occupe fièrement l’intégralité du volume disponible…

=========== Fin d’expérimentation

Alors, que peut on déduire de cet exemple?

1/ À 13h, Bob occupe la totalité du bocal et la minute d’après, il commence à déborder…
2/ Si on revient un peu en arrière :
– 12h il occupait la moitié du bocal
– 11h, le quart
– 10h le 8eme etc…
Autrement dit, et ce point est crucial, à 8h du mat, après deux semaines d’expérience, le bocal était quasiment vide, on ne voyait rien ou quasiment rien et seulement 4h après, le bocal est déjà trop petit. Voilà le côté vicieux de l’exponentielle, on ne distingue bien souvent ses effets que lorsqu’il est trop tard.
3/ À 14h, Bob à débordé lamentablement, gerbant sa masse visqueuse à l’extérieur du bocal. Cela donnera une bonne raison à ma meuf de m’insulter pour avoir salopé notre plan de cuisine en plastique massif ikea… mais quand-même, Pauvre Bob.

Je fais une pause clope/café et je te conseille d’en faire autant…

Après ce repos bien mérité, je suppose qu’une question te taraude l’esprit:
Mais pourquoi il me rompt les figues (casse les couilles en langage sudiste) à me parler de Bob???

Ça arrive mais parlons un peu de croissance maintenant car Bob est un exemple extrêmement basique de croissance exponentielle et c’est le sujet qui nous intéresse. Enfin, qui m’intéresse moi en tout cas…

On parle souvent de LA Croissance à la télé, dans les journaux, on peut même dire que c’est le pilier de tout notre système. On lui attribue des vertus presque magiques… La croissance permet de diminuer le chômage, amène la prospérité perpétuelle, permet de gagner encore plus d’argent (au moins pour certains…), ou de payer les retraites. Inutile d’en dire plus, la croissance est le cœur et le poumon de notre économie, Le maître absolu de notre recherche du bonheur. Sans elle, le monde serait moribond n’est-ce pas? Les salaires n’augmenteraient pas voir diminuerait, ton PEL ne rapporterait pas d’argent, il n’y aurait plus de traiteur chinois tous les 50m, Bref, sans croissance, c’est la merde frère !

Ok mais quel est le rapport avec Bob ???

Et bien, Sais tu que toute croissance en pourcentage est directement lié à une Exponentielle?

Dans l’expérience, on a vu que ce qui compte réellement, c’est le temps que met Bob à doubler de volume, 1h dans l’exemple… On parle alors de sa période de doublement. Et bien, pour chaque taux de croissance en pourcentage, on peut calculer très facilement cette période.

Quelques exemples :
– Une croissance de 10%, ahhh les trente glorieuses, la période de doublement est de 7 ans. Autrement dit, le volume de bob double tous les 7 ans.
– Une croissance de 7%, argh, c’est la croissance actuelle de la Chine, on est a 10 ans… Oui oui, tu as bien entendu, à 7% de croissance, tous les 10 ans, l’activité économique chinoise, les dépenses énergétiques, la consommation, la pollution et tout le bordel ambiant DOUBLE.

Ahaha, tout à coup, tu fais moins le malin…

Petit exercice à faire chez toi, devant les infos par exemple. À chaque fois que l’on te donne un taux de croissance, n’importe lequel, tu fais le calcul suivant :

70 / taux = la période de doublement.
Exemple pour 10% de croissance annuelle : 70/10=7ans.

En plus d’aiguiser le cerveau, cela fait réfléchir… Pour les curieux, voici un article qui détaille le calcul : http://www.linternaute.com/science/science-et-nous/dossiers/06/demographie/8.shtml

Un dernier exemple que je trouve particulièrement dramatique:
En France, la « croissance » en 2017 d’après Google, est de 1,8% par an. 70 / 1,8 = environ 40 ans… A ce rythme donc, pardon d’insister mais l’économie Française et tout ce qui va avec auront doublé d’ici 40 ans.
Le côté dramatique, c’est que ce taux de croissance, catastrophique pour la planète, n’est même pas suffisant pour améliorer nos conditions de vie, le chômage, la pauvreté, les inégalités, la qualité du cinéma français, ou quoique ce soit d’autre d’ailleurs.

Au même titre, toujours selon Google en 2017, l’Allemagne est à 2.2%, la chine à 6.9%, les États-Unis 2.3%, l’Inde 6.7%…

Tout ces pays en quête de croissance pour faire subsister ce système à la con vont faire que d’ici moins de 40 ans, l’ensemble des dépenses énergétiques et autres vont doubler… Pour quadrupler 40 ans après et ainsi de suite…

Un dernier mot sur ce pauvre Bob. J’ai du lui régler son compte à coup de chalumeau lorsqu’il a commencé à occuper le canapé dans le salon. C’est moche de finir comme ça… Je l’avais pourtant prévenu, le canapé c’est sacré !

Quand je parle du bord du bocal en préambule de ce site, je parle évidemment de la planète et de ses limites. Les nouvelles récentes dans tous les domaines montrent que le bord est très proche, pour être totalement honnête avec toi, je pense qu’on a déjà largement dépassé les limites de notre bocal…

On arrive « enfin » à la conclusion. Si cet article te paraît pénible à lire, il est aussi éprouvant à écrire et j’ai moi aussi hâte qu’il s’arrête.

Demain, samedi 21 Septembre 2019 est organisée une grande marche pour le climat dans Paris et quelques grandes villes dans le monde. Honnêtement, moi qui d’ordinaire prétends avoir toujours un avis et une réponse à tout, je ne sais quoi en penser.

Je trouve cela assez mignon que les jeunes prennent la parole et tentent de faire bouger les lignes et il ne fait aucun doute que cela va marcher et c’est heureux. Le problème, c’est que, comme dans X-Files, la vérité est ailleurs. Le réchauffement climatique est un vrai problème, c’est évident, imparable, incontestable, mais dans une analyse globale, il s’agit d’un détail, voir d’un micro-détail même.

Dans l’esprit, c’est un peu comme si tu avais une grenade dégoupillée dans la main et que tu te rendes compte que tu as les ongles sales et que tu cherches à les nettoyer tout prix.

Allez, comme tu m’es sympathique, voici encore quelques chiffres…
Durant les quarante dernières années de la métastasification de la planète par l’homme:
– 60% des espèces de vertébrés ont disparu
– 90% de la population de requins à disparu, oui, oui, ce chiffre est exact…
– 269 000 tonnes de plastique dans les océans et on prévoit au moins le double pour 2030. Et il s’agit d’une estimation minimale… *
– Plus de 310 millions de tonnes de déchets plastiques sont générés chaque année…

Penses tu réellement que le réchauffement climatique y soit pour quelque chose?

Est-ce que ce sont les gaz à effet de serre qui arrachent les ailerons des requins, qui font des essais nucléaires, qui font que l’on peut manger des ananas toute l’année (Hum, J’adore les ananas) ? C’est très simple, quel que soit le domaine où l’on regarde, tous les chiffres sont plus flippants les uns que les autres.

Penser que les états et leurs dirigeants ont un quelconque pouvoir sur la frénésie de consommation mondiale, c’est vraiment le signe qu’on a tous de la merde dans les yeux. Le fait même de penser que l’on pourrait infléchir la tendance est risible. Le vrai problème de la planète, c’est notre incapacité chronique à remettre en cause ce principe de croissance. Comme Bob, ou le cancer, l’homme se reproduit, se multiplie sans cesse mais dans un bocal à taille fixe.

J’aime beaucoup les initiatives de gens qui commencent à agir en mangeant bio, en privilégiant les circuits courts, en arrêtant de consommer inutilement, mais, par pitié, soyons sérieux deux minutes… Et je préfère ne pas terminer cette phrase.

Pour finir, je ne cherche absolument pas à donner des leçons. Loin de moi l’idée de juger qui que ce soit. Étant moi même un consommateur compulsif, je ne cherche pas du tout à m’extraire de cette masse que je critique, bien au contraire. Je me pose plutôt là comme un spectateur administratif de l’auto-destruction programmée de nos individualités, et je compte bien commander un menu Maxi Best of par Uber Eats pour assister au spectacle.

D’ailleurs, cette croissance, qu’elle soit bactérienne dans le cas de bob ou démographique pour l’humain, est un principe fondamental dans la nature et donc totalement Naturel. Nous sommes des prédateurs et tant qu’il y a de l’espace nous colonisons.

Si j’ai encore des abonnés à ce blog après la publication de cet article, j’adorerai écrire sur que qu’est la Nature ou du moins ce que je crois savoir des ses principes naturels…

Ce qui me gène le plus dans toute cette histoire c’est qu’encore une fois, on essaie de corriger le mal en s’attaquant aux symptômes et non la cause. Le réchauffement climatique n’est en aucune façon la cause des troubles de la planète mais uniquement un des innombrables symptômes de notre croissance. Ce qui me rend profondément triste aussi, c’est que l’homme commence à vouloir défendre la planète non par respect pour elle mais uniquement parce que lui est en danger…

On butte les abeilles par millions au Glyphosate mais on épargne celle que l’on voit dans notre jardin et on s’imagine faire du bien à la planète… On cherche à défendre la biodiversité uniquement parce que sans elle… La non plus je ne finirai pas cette phrase.

Alors oui, on veut tous défendre les jolis dauphins et les gentils ours polaires et même les méchants requins mais on va d’abord regarder Games Of Thrones et tant mieux si il reste du Pop Corn.

J’attends avec une impatience non dissimulée le jour où Iron Man ira foutre une branlée à ces putains de chalutiers japonais qui continuent à chasser les baleines au large de l’Australie en toute impunité mais Robert D. Jr commence à se faire vieux semble t’il. Quant à ce petit branleur de James Bond qui joue au poker comme si de rien était pendant que Monsanto continue à déverser sa chimiotherapie dans les sols de tous les continents, franchement! James! Tu déconnes !!!

Comme ça m’emmerde profondément de finir cet article sur une blague aussi mauvaise, voici un dernier chiffre et je te laisse tranquille.

La croissance naturelle de la population mondiale est de 1.3%, je te laisse faire le calcul. Alors, par pitié, arrêtons de parler réchauffement climatique…

Notes de fin:

Voilà, ça y est, j’ai enfin réussi à vomir un texte sur ce sujet qui me ronge depuis des années maintenant. Je suis sincèrement désolé du caractère profondément lourd, triste et noir des propos tenus sur la fin (particulièrement les mots très durs envers ce pauvre James). Toutes mes excuses aussi pour le ton péremptoire de mes propos, ils le sont c’est évident mais ils sont aussi sincères.

D’autres articles sur la fin du monde viendront mais ils seront beaucoup plus joyeux 😀

Une dernière pensée pour ce pauvre Bob, dont les derniers lambeaux à moitié calcinés ont été sauvagement balancés dans les toilettes… Il m’est agréable d’imaginer que ses restes finiront dans l’océan… Il y rencontrera sûrement des antibiotiques pour se soigner, des hydrocarbures pour se déplacer et du Cortancyl pour tout le reste 😉

Journal Chimiothérapeutique

Chimio #1 – J+6 – Retour de la bête

  • 18 septembre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Moral : 9.5/10 – Météo : de ouf (C’est quand meme super inquiétant les 30° au mois de Septembre non ???) – Poids : 86.3kg – Inspiration : Tonique

Gros regain d’énergie aujourd’hui. Après une folle journée en descente de Cortancyl, tout semble rentrer dans l’ordre ce matin.

J’ai vu mon Chimiothérapeute hier en consultation. Il m’a reçu avec un grand sourire pour me dire que tout allait bien, que je supportais très bien le traitement et qu’il était content de me voir comme cela. Sur le moment, j’ai failli l’insulter ! 2h de transports, plus d’1h30 de retard sur l’heure prévue de rendez-vous, tout ça pour me dire que je vais bien ??? Franchement, je l’avais mauvaise.

Il m’a même dit que j’avais une chance, infime certes, mais une chance quand même, de ne pas perdre mes cheveux. Là, s’en était trop, je suis sorti de mes gonds et lui ai fait savoir qu’il en était tout bonnement hors de question ! Avec tout le cinéma et les efforts de victimisation que je fais depuis des mois auprès des gens qui me sont proches et ceux qui le sont moins, je vais passer pour un affabulateur si je ne perds pas mes cheveux…

Ça a eu le mérite de le faire rire.

Est-ce que les Oncologues ont pour consigne de rire aux blagues de leurs malades histoire de leur redonner confiance? Question réthorique, ça a bien marché pour moi 😀

Comme il a tout de suite senti mon attrait pour les drogues dopantes et/ou addictives, il m’a conseillé de baisser légèrement la dose de Cortancyl et d’augmenter la dose de pétards pour le coté anti-vomitif de la chose. Etant plutôt de caractère conciliant et docile, je vais m’empresser de suivre ses conseils !

Ce matin, la cicatrisation du Port-a-cath, le Cathéter 2.0 pour les anciens, semble belle et bien terminée. Pour la première fois depuis l’opération, « mini-invasive » comme ils l’appellent, je n’ai pas eu l’appréhension des coutures qui lâchent en pleine débauche d’efforts lors de mon habituelle et au combien importante séance d’exercices matinaux. Cette appréhension était somme toute justifiée, ayant un trou dans la jugulaire, un point qui saute et j’en suis pour nettoyer l’appart pendant 2 semaines. (Hum… cette blague me dégoute moi aussi…)

Bref, tout motivé que j’étais, sur fond d’Eye of the Tiger* évidemment, j’ai donc enchainé inlassablement les efforts pour un total d’environ 3 pompes (sur les genoux) et au moins 4 abdos (en trichant). La bête est de retour et ça fait foutrement du bien !

Pour ceux qui suivent encore, je ne partage plus avec le phoque d’il y a deux jours que l’odeur pestilentielle d’un pauvre type qui transpire et une douche devrait en atténuer les effets alentours…

*: Hum… Pour Eye of the Tiger, Il s’agit d’une pure projection mentale, je ne suis pas tordu au point d’écouter cette merde pour faire du sport.

Ajouté à cela un poids qui revient timidement à la normale, tout va pour le mieux. D’après ma concièrge, il s’agissait simplement de rétention d’eau liée aux corticoïdes. D’après moi, elle semble en connaître un sacré rayon question rétention d’eau… Oui, cette vanne est purement méchante et totalement infondée, d’autant que j’adore ma concièrge et je n’oublie pas ce lien indéfectible qui nous lie, elle et moi lors des livraisons Amazon Prime.

Ce post touche déjà à sa fin (Ohhhhh!) car je dois bosser sur d’autres sujets (Ahhhhh!).

L’article sur les exponentielles est, à ce jour, une calamité sans nom, d’une pauvreté abyssale et d’un intérêt proche du Rien alors qu’il s’agit, et ce depuis le début, de la pierre angulaire de tout ceci.

Dernière chose, sauf nouvelle descente aux enfers, il s’agit probablement du dernier article estampillé « Chimio #1 ». Je pense que les effets secondaires sont terminés pour cette séance donc vivement la #2 aka « Chute de cheveux » et autres rebondissements je l’espère.

Journal Chimiothérapeutique

Chimio #1 – J+4 – Cortancyl mon amour

  • 16 septembre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Moral : 9/10 – Météo : De Dingue – Poids : 89kg – Inspiration : Fébrile

Une journée qui commence extrêmement mal. Je suis catastrophé, bouleversé, chambardé, effondré !!! J’ai pris 4Kg pendant le weekend !!! Non mais 4Kg quoi ! ?!!!

Je ne pensais même pas cela possible, d’un point de vue purement physique s’entend!

Alors, oui, c’est vrai qu’hier soir, j’ai repris deux fois des pâtes mais d’habitude, j’en reprends trois… et sans compter que j’ai deux bouches à nourrir à présent…

Bon, il faudra quand même surveiller tout cela de prêt.

Cet été je me suis permis quelques écarts me disant que j’aurais tout loisir de perdre les kilos superflux lors de la chimio. Mais là c’est pas possible, je ne vais quand même pas entamer un régime! Ce serait un comble. Il ne faut décidément jamais écouter ce que l’on raconte dans Femme Actuelle.

Petit détail que les esprits brillants* auront noté sans peine, le moral est descendu d’un point que je vais tenter de expliquer en plusieurs :

1 – Le moral à 10/10 était un peu exagéré, je dois reconnaître…

2 – Cela me permet de garder une marge de progression pour les prochains jours, malin le gars.

3 – Je tiens à rester le plus honnête possible dans la notation donc je note les variations.

4 – Je suis toujours extrêmement bien dans ma tête et dans mon corps, un peu comme les nanas dans les pubs de Loréal!

5 – …

46 – Ça va !!! Il ne s’agit que d’un point !!! C’est pénible de devoir se justifier en permanence!

Après relecture, je viens de supprimer les points de 5 à 45 qui ne présentaient qu’un intérêt mineur.

(* : J’ai mis « esprits brillants » pour faire plaisir aux plus concernés et emphatiques d’entre vous. Un peu de flagornerie, c’est malhonnête mais ça fait toujours plaisir…)

Et voilà, déjà 30 minutes que j’écris pour ne rien dire! J’entends déjà les esprits mauvais prétendre que cela ne change pas de d’habitude mais j’ai reçu des consignes strictes m’enjoignant à être plus focalisé sur le sujet traité alors, focalisons, focalisons!

Après un Weekend insolent de béatitude où pétards, alcool et course à pieds ont tenus leurs rangs habituels, voici que ce lundi matin prend des airs de « Argh, la route va être longue… »

D’après Maître Shifu dans Kung Fu Panda 3, tout est une question d’équilibre dans la vie. À moi de trouver le bon dans les prochains jours car j’ai peut-être légèrement abusé de mon moral labellisé 10/10.

Il faut dire que tout cela, c’est la faute de mon nouveau meilleur ami, j’ai nommé Cortancyl ! 60 mg de pur bonheur au goût sauvagement amer en bouche mais à l’intensité redoutable.

Un vrai concentré de bonne humeur et d’énergie ce petit gars… Le problème est semble t’il la phase de descente où je me trouve actuellement.

Ce matin donc, réveil un peu difficile, je me sens légèrement fébrile, sensible aux bruits etc. comme les prémices d’un état grippal ou d’un début de fièvre, je ne sais pas trop.

Bon, j’ai un peu honte à me lamenter et parler d’un état grippal alors que les symptômes sont passés avec un Doliprane… mais encore une fois, Il s’agit surtout de décrire la situation, les faits et uniquement les faits !

Question effets secondaires, je m’en tire très bien si les effets se limitent à cela pour la première séance.

Depuis quelques jours maintenant, je sens et ressens que le traitement est en marche dans mon corps! N’étant plus seul maître à bord, la chimio fait ses petites affaires, affaiblissant progressivement la maladie, espérons le, mais aussi tout ce qu’il y a autour. Je n’ai eu que 2 mois d’entrainement depuis l’annonce pour une course de fond qui va durer encore longtemps alors je ne suis pas prêt d’arrêter d’écrire…

Je viens d’écrire « Le traitement » ? Je pense plutôt à « La déglingue » car c’est bien de cela qu’il s’agit.

Tiens, en parlant de déglingue, j’ai quand même tenté de faire ma petite série d’exercices matinaux. Hormis le coté pathétique et assumé de la chose, la séance de ce matin devait être carrément pénible à voir de l’extérieur. Une masse disgracieuse à peine éveillée tentant de se mouvoir péniblement sur sol. J’ai tout à coup l’image traditionnelle du phoque lamentablement échoué sur une plage attendant que les orques aux abords du rivage passent leur chemin.

J’attends avec une impatience non dissimulée la séance de demain matin, les orques n’ont qu’a bien se tenir !

Théories à la con

Dieu merci, je suis pragmatique

  • 16 septembre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Je crois être quelqu’un d’assez curieux par nature et surtout extrêmement pragmatique. Ce n’est pas par choix, je crois juste que c’est comme ça.

Est-ce que ça vient de l’historique familiale ? Il y a des fortes chances; Du code génétique, du milieu social, des films ou bouquins que j’ai pu lire ? C’est évident!

La spiritualité m’a toujours beaucoup intéressé, la quête d’un Dieu aussi d’une certaine manière. Pas de bol cependant, je n’ai jamais réussi à adhérer au principe d’une volonté supérieure. Ma famille a pourtant tout tenté, des années de scoutisme, d’enfant de cœur (j’ai des photos), etc. J’ai même tenté d’être bouddhiste, ça a duré au moins 5 jours. Impossible, ça ne prend pas!

J’aime à imaginer Dieu comme un enfant qui a construit un aquarium dans sa chambre et y élève une colonie de fourmis. Peu importe ce qu’il se passe à l’intérieur, il ne s’intéresse pas aux individus mais bien à l’évolution globale, son mode de fonctionnement social et son architecture. Il ne décide de rien, n’a pas de volonté particulière ni de dessein à accomplir autre que celui de profiter du spectacle. Si la colonie disparaît, il la remplacera par autre chose… Pourquoi pas des poissons rouges, pour être raccord avec l’aquarium et le thème de ce blog!

Cette idée ne me dérange pas plus que cela. Au contraire même, cela me réconforte presque. Nous n’avons pas de mission à accomplir, pas de but à atteindre, juste vivre, profiter de la vague et de l’écume, c’est déjà une sacrée expérience !

Ce qui me dérange le plus dans les religions, c’est ce principe de vie après la mort. Pour certains individus, c’est sûrement un sentiment réconfortant, je veux bien le croire. On a d’ailleurs inventé les religions pour cela. Mais pour d’autres, dont je fais malheureusement partie, c’est à l’inverse, oppressant voir même terrifiant.

Je kiffe suffisamment ma vie ici pour n’en pas désirer d’autre ailleurs. Potentiellement éternelle en plus? Au secours! Pardonne moi l’expression mais quel enfer!

Nous avons une espérance de vie d’environ 80 ans à la louche et cette durée est parfaite, simple, efficace, logique! Suffisamment longue pour vivre 10 vies si on le souhaite et suffisamment courte pour les rendre toutes incroyables, ou presque.

Je trouve cela assez extraordinaire que dans ce laps de temps, aussi court soit-il, nous ayons la possibilité d’acquérir une somme d’informations et de savoir considérables. Ok, Le « considérable » varie fortement d’une personne à l’autre, je suis d’accord avec toi mais quel que soit le domaine d’étude, du tuto maquillage youtube à l’étude des pathologies génétiques en vue d’un DPI ou la première photo réelle d’un trou noir publiée il y a quelques mois… On a de cesse d’ajouter des pierres à l’édifice et surtout on a presque tous accès à tout cela, en temps réel.

Après seulement 10 000 ans d’histoire dont beaucoup perdues à servir un ou plusieurs dieux, nous voilà dans une impasse où celui-ci ne pointe pas le bout de son nez et l’aquarium commence à être étroit et mal en point. C’est presque à croire que ce con de gamin s’est barré de chez lui pour aller à la Fac en oubliant d’éteindre la lumière de sa chambre, laissant mariner ses fourmis dans leurs propres détritus.

Quelle négligence de la part d’un type censé avoir créé l’univers… !

Cet article devrait s’être arrêté depuis longtemps mais puisque tu es toujours là, une dernière phrase avant que j’aille me coucher.

Je crois que c’est dans le film Little Miss Sunshine (à vérifier), Une petite fille demande à son grand père:
– Qui est-ce Dieu?
– Tu vois, quand tu t’endors le soir et que tu parles à quelqu’un pour qu’il prenne soin de ta famille, de tes proches et qu’il exhausse tes vœux les plus chers, et bien Dieu, c’est le type qui n’en a rien à foutre!

Journal Chimiothérapeutique

Chimio #1 – J+1 – Déception partielle

  • 13 septembre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Chimio#1 J+1 – Moral : 10/10 – Météo : Pas ouf – Poids : 85.2kg – Inspiration : pas pire que d’habitude

Voilà, c’est fait, la première chimio est passée. C’était hier déjà, 3h de pur plaisir…

Que dire à part que le personnel hospitalier est d’une gentillesse et d’une chaleur très agréable.

Honnêtement, je n’ai pas grand chose à dire, d’où la déception dans le titre. N’ayant jamais connu la guerre, j’avais probablement fantasmé la lutte et m’attendais peut-être à combattre le dragon toute la nuit avec la force, le courage et la vigueur d’un tigre en furie mais que dalle, rien, nada… Quelques nausées vers 3h du mat, qui sont parties avec un minable Primpéran.

Franchement, je suis assez déçu, deux mois d’attente, un teasing de ouf sur les effets secondaires, un matraquage médiatique de tout mon entourage pour ça ?

Non, Je plaisante bien sûr, je suis très content, et loin de moi l’idée de sous-estimer les prochaines séances. La première est toujours une partie de plaisir parait-il et cela se vérifie alors tant mieux…

Mes cheveux sont toujours là mais je me suis acheté des bonnets pour les prochains jours, ma libido est toujours intacte (et j’ai aussi acheté des bonnets…)

Rien à signaler donc à part que la vie est toujours belle, les oiseaux chantent (Ah non, c’est le bruit d’un marteau piqueur que j’entends de ma fenêtre), alors Carpe Diem (Reb, il est pour toi celui là, je t’embrasse) !!!

Cet article ne servant pas à grand chose, je le publie quand même histoire de. Il servira de base aux prochains et tout son intérêt sera de voir à quel point je la ramène moins lors des futures séances…

Chimio #2 – J-20

Une photo de mon bonnet, qui va beaucoup mieux à ma fille que moi… 😀

PS: J’avais prévu un article sur les exponentielles, il arrive !

Pêche au Crabe

De la relativité du présent

  • 10 septembre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Chimio#1 J-2 – Moral 10/10

Si il y a bien un principe fondamental, dont nous sommes tous tributaires, une force inaltérable et incontrôlable (à échelle humaine s’entend), c’est le Temps et plus précisément le Présent!

Nous en sommes tous les prisonniers, nous n’avons aucune prise sur lui. C’est sans aucun doute une chance, sinon, Russes, Chinois et Américains nous foutraient un beau boxon… Pour une fois, voilà une chose devant laquelle nous sommes tous égaux, de la plus petite bactérie à la plus grande des baleines bleues, du plus vulgaire des cailloux au grand Donald Trump ! Même ce dernier semble bien plus vulgaire que n’importe quel cailloux…

Alors, oui, il y a bien Matthew McConaughey qui joue avec le temps dans Interstellar, mais c’est un autre débat ! Restons concentrés s’il te plaît.

J’ai mis du temps à m’y résoudre, c’était la semaine dernière je crois, mais j’ai bien peur qu’il soit impossible de revenir en arrière, même pour 5 minutes. Les voyages dans le temps, c’est définitivement mort ! Aucun Terminator ne débarquera jamais du futur pour butter Sarah Connor, Jean-Marc Morandini, ou le PDG de Monsanto.

Si il y avait un moment à choisir dans l’histoire humaine où l’on aurait bien besoin d’un type comme lui, ce serait bien ici et maintenant!!! Dans le passé, il y a bien eu Moïse, Jesus et Jean-Michel Jarre qui ont tenté des trucs mais vu le bordel ambiant, il y a fort à parier qu’un seul T1000 ou même dix ne suffiraient pas à éradiquer cette putain de race humai… oups mais je m’écarte… Ah si, Dernière chose à propos de Terminator… Si il pointait le bout de son nez, penses-tu qu’il aurait un compte Facebook ou Instagram? Compterait-il plus de fans que Kim Kardashian? Est-ce qu’il aurait une chronique chez Hanouna ou BFM Business? Est-ce qu’il aurait un look hipster raté avec une barbe à la Eric Drouet? Brrr, toutes ces questions fondamentales qui ne trouveront certainement jamais de réponse, cela me rend un peu triste.

Bref, je ne voulais pas du tout parler de Schwarziiii mais croyez le ou pas, il est assez difficile d’écrire comme les idées viennent, sans filtre tout en gardant un fil conducteur…

Dans la vie, la vraie, du moins dans la mienne, le présent se résume bien souvent à une perpétuelle projection vers le futur.
– Il y a le concert de Floh demain soir pour la sortie de son disque,
– Mes médocs à prendre à des heures relativement précises,
– Mon crédit immobilier qui ne se terminera pas avant mon 2 ou 3ème cancer,
– On va être en retard pour l’école car, ayant décidé ce matin que « l’école c’est nul », ma fille ne veut pas mettre ses chaussures,
– Il y a cette bien cette réunion à 16h qui sera probablement le clou du spectacle de ma journée.
– Ouf, heureusement qu’il y a Findus pour mon diner de ce soir et que Netflix prendra enfin le relais cognitif… Je vais entamer une nouvelle série qui me tiendra pendant au moins 2 ou 3 jours avant que je réalise à quel point c’est de la merde.
– Vivement l’été prochain, qu’on parte en vacances !
– Vivement la retraite, que l’on puisse couler des jours heureux dans ces ehpads* qui font rêver, enfin ça, ce sera seulement si on en a les moyens.
– Vivement vivement…

Nous sommes tous les lapins blancs d’Alice avec nos montres connectées à être toujours en retard en retard.

*: Hey ! Tu sais pourquoi on appelle ça des Ehpads maintenant? Avant on appelait ça des maisons de retraite… la même odeur y régnait mais ça sonnait plutôt cool !

Nous sommes tellement encrés dans ce foutu présent qu’il passe et devient passé sans que l’on n’y prête la moindre attention… Rien qu’en lisant ces quelques lignes, 3 ou 4 minutes de ton présent se sont déjà transformées en passé! Reste à savoir si tu auras le courage de cramer 5 minutes de ton futur et de continuer.

C’est à cela que l’on voit que Le vrai présent n’existe jamais… les lignes lues sont du passé et les suivantes sont encore du futur. Ça peut paraitre déprimant, je trouve cela marrant…

Après ce préambule, plus bien plus long que je ne l’imaginais, voici venu le temps (des rires et des chants), Ahaha… Mais non !, Du fameux Carpe Diem !

Et oui, on est tous censés vivre le moment présent, l’instant présent!
Qu’est-ce que je déteste ce genre d’expression et encore plus les gens qui les utilisent…, les beni-oui-oui compatissants qui pensent qu’ils ont tout compris en postant du Carpe Diem, cette injection au bien être venant de gens probablement dépressifs latents, c’est souvant insupportable! Argh… je m’égare encore !

N’as tu jamais remarqué une chose pendant les 2 petites semaines de vacances d’été durement gagnées tout au long de l’année? La première semaine passe lentement, tu te prélasses tranquillement en te disant que le temps de la bulle est encore long, que l’eau de la piscine est un peu froide mais que tu as tout le temps de te motiver, puis, arrive la deuxième semaine, et là, magie, elle fuse à toute vitesse…

(Pour les gens qui ont de l’appétit, ça marche aussi pour les pizzas, la deuxième moitié est toujours plus petite que la première en ce qui me concerne…)

A en croire les statistiques, je viens d’arriver sain et sauf à la moitié de ma vie, du moins je l’espère… J’ai la terrible sensation tout à coup que la deuxième semaine va elle aussi passer à toute allure. Ma fille de 5 ans (et demi), encore bébé hier est une saloperie de pré-adolescente à l’impétuosité sans limite; Ma carrière futur d’astronaute semble bien compromise… J’ai aussi fait une croix sur mes carrières de pompier, vétérinaire, biologiste marin, plongeur, drogué, alpiniste.

On fait tous des choix, sans s’en rendre compte. On se retrouve à 40 piges et l’arbre des possibilités s’amenuise drastiquement. On fini par regarder en arrière, à se dire que tiens, si je n’avais pas bu cette bière, dans ce bar à cette date précise, je serais peut-être vendeur de fleurs sur les marchés ou biochimiste émérite tentant de sauver les requins marteaux de la surpêche aux Galapagos.

Et puis vient cette première séance de chimiothérapie dans 2 jours (tiens, encore une projection). Comme je suis maintenant adepte du Carpe Diem, je compte bien en savourer chaque instant, chaque goutte de transfusion.

Voilà presque 2 mois que je fais le malin devant tout le monde en prétendant que j’ai un truc interessant à raconter alors que le combat n’a même pas débuté… A vrai dire, je trouve le temps long alors, j’ai hâte de commencer et d’être dans le moment Présent !

Je ne suis pas du tout dans l’optique de « combattre » la maladie, je n’ai pas cette prétention et la chimie organique s’en chargera très bien pour moi. Voilà un avantage considérable de cette maladie, je n’ai pas à me battre, à être courageux ou à partir en guerre… mais juste à accepter un traitement que des gens dévoués et brillants ont établit à ma place. Je n’ai qu’à jouer la victime apeurée pour que l’on s’occupe de moi… Même ma meuf est plus sympathique depuis la « terrible » nouvelle, c’est dire.

Un traitement qui au pire me fera perdre mes cheveux, au mieux me fera perdre quelques kilos superflux pour l’été prochain… (Rooohhh, J’entends déjà ma mère dire que je ne prends pas les choses au sérieux…)

Non, il s’agit plutôt de satisfaire enfin ma curiosité et aussi ma vanité… les deux vont souvent de paire je crois. Pour quelle autre raison le cerveau aurait-il inventé la curiosité et la vanité? Est-ce que toi même tu ferais des voyages dans des pays fabuleux si tu n’avais pas en retour le loisir de pouvoir en parler ou de montrer à quel point ta vie est extra-ordinaire?

Je te vois déjà en train de t’offusquer à dire que toi ce n’est pas pareil, mais Facebook / Instagram et tous les réseaux sociaux en ont fait leur fond de commerce et visiblement, ça fonctionne.

Constat du jour :

– J’ai envie de savoir ce qu’est cette Chimio dont tout le monde parle, vue de l’intérieur, en comprendre les mécanismes profonds et en avoir les effets (Curiosité naïve mais sincère).
– J’ai vu ça à la télé et je vais enfin pouvoir en profiter (Curiosité malsaine).
– Je vais enfin pouvoir en parler en connaissance de cause (Vanité niveau 1).
– Je vais enfin pouvoir m’apitoyer sur ma petite personne et montrer aux autres à quel point c’est difficile, à quel point je souffre et surtout à quel point je suis courageux d’affronter cela tout en restant digne (Vanité niveau expert).
– Oui, j’en fais trop et j’exagère à mort (Vanité Marseillaise)

Pour finir, je n’ai pas écrit le quart de ce que je comptais exprimer au début de ce récit, mais encore une fois, l’exercice est un réel plaisir.

Si tu aimes bien, il y a un formulaire pour t’inscrire et recevoir le prochain article qui s’annonce palpitant !

Je vais parler des exponentielles (Hummmmm ! trop biennn)

Des bisous

PS: J’ai totalement conscience que ce que j’écris ici ne sont qu’un amas de banalités, il s’agit encore d’un exercice d’auto-psychanalyse et non un désir formel de révolutionner le monde…

Pêche au Crabe

La pêche au crabe

  • 8 septembre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Journal d’interventions hospitalières, états d’âme, fil de l’eau et recettes de cuisine…

Voici le premier post d’une longue série je l’espère, estampillé « la pêche au crabe ».

Les plus malins d’entre vous comprendrons la référence océanique et/ou astrologique au cancer. Pour les autres, je pense qu’il est inutile d’aller plus avant dans la lecture.

On parlera ici de chute de cheveux, de moral en hausse ou en berne en fonction de la météo, de blouses blanches et d’infirmières sexy, de pâtisseries et autres gourmandises…

Je commence la Chimiothérapie dans 3 jours avec tout l’univers fantasmagorique des effets secondaires que l’on peut lui attribuer.

À propos d’affres intestinaux qui risquent de débarquer, ma meuf*, en apprenant la terrible nouvelle m’a conseillé de manger des bananes! Conseil hérité d’une aventure pour le moins idyllique avec des bretons portant bonnets et cirés sur un chalutier battant pavillon pêche éco-responsable en quête de remplir le compartiment réfrigéré de poissons en tout genres lors d’une sortie en haute mer.

Quand on a le mal de mer affirmaient ses bougres, la banane à l’énorme avantage d’avoir le même goût en entrant qu’en sortant… Voilà qui rend ce fruit miraculeux tout à coup, contrairement à leur pêche du jour.

* : J’ai mis « ma meuf » car je n’aime pas l’appellation « ma femme ». D’une part, nous ne sommes pas mariés et, d’autre part, cette notion d’appartenance de « MA Femme » comme si elle était ma propriété me dérange un peu.Vous n’avez jamais remarqué ce truc bizarre, pour l’homme, on dit mon Mari. Un terme qui désigne bien la position de l’homme dans le couple, le qualificatif de Mari. Mon mari représente donc, l’homme auquel la femme, ou l’homme (ou l’enfant) est marié. Par contre, pour la femme, c’est Ma femme, autrement dit, c’est l’intégralité de sa personne qui devient ma propriété…

C’est assez drôle comme les choses changent lorsque le prisme à travers on les regarde évolue. La réalité se modifie en profondeur et certaines des vérités que l’on croyait absolues ou définitives deviennent obsolètes ou ridicules.

La chimiothérapie à toujours sonné à mes oreilles et probablement aux vôtres comme une porte de sortie peu enviable, une chose effrayante, difficilement dissimulable et relativement pénible à vivre, aussi bien pour la victime que pour l’entourage d’ailleurs. L’image de mon père, de grand père André ou de ma grand-mère Lulu finissant par lâcher prise n’aide en rien à positiver, c’est une certitude.

Elle sonne aujourd’hui d’une tout autre musique, un moyen unique de continuer à faire des conneries et des plus grosses encore, à reprendre 2 fois des pâtes et surtout comme une expérience de vie incroyable et la possibilité d’en découvrir plus sur moi même et les autres.

Quand tu apprends la nouvelle à tes proches, ils prennent tous, autant que faire ce peut, un air concerné, empathique et surtout ils endossent avec ferveur le rôle de la personne rassurante qui t’explique comment tout va bien se passer. Je crois que le pire, c’est quand ils ont le cas d’un proche à te raconter…

Bref, j’avoue avoir un avis partagé sur la question et je manque surement d’expérience et de recul sur tout cela.

Je ne doute pas de la sincérité absolue de leurs propos et de leur gestes tendres, bien au contraire. Je suis profondément touché de recevoir autant de compassion et d’être tout à coup le centre de leur intérêt voir, le coeur du débat du jour au sein des grandes tablées familiales ou des apéros entre potes.

Car oui, c’est même assez jouissif et gratifiant pour être honnête d’avoir ce truc à dire en société, assez imparable pour attirer l’attention de ton interlocuteur direct…

– Hey, Qu’est-ce que tu as fait pendant tes vacances ?
– Je suis allé polluer de ma présence les plages de la mer Méditerranée, et toi ?
– Ben, j’ai un cancer (À dire avec aplomb et un grand sourire, effet garanti !)
– !!! ? !!! Consternation, Bouche bée, moment de silence, puis : Nooonnnn! Mais c’est horrible, C’est pas possible ! À ton age ???

A vrai dire, ce qui me gène le plus, c’est le renouvellement de la discussion avec 20, 30, 50 personnes…

Conseil #1 : Nommer des émissaires !

Le plus dur dans ce genre d’épreuve, c’est d’être au bord d’une piscine avec un énorme pétard main gauche et une Caïpirinha main droite (merci Sab) à raconter des conneries et recevoir ce petit texto malicieux qui sonne comme un rappel à l’ordre. Ah oui, c’est vrai que j’ai un cancer, j’avais zappé… Il vient d’un pote oublié ou d’un oncle éloigné disant à quel point il est triste et pense à toi… Le pire étant ceux des collègues de travail dont je ne me rappelle même plus l’existence et encore moins leur prénom.

Pour éviter les palabres sur mon état de santé, j’ai donc nommé des émissaires, ou des secrétaires, c’est selon.

Ainsi, ma chère et tendre femme (euh… meuf), s’occupe des amis et de ma belle famille. Ma pauvre mère s’occupe de la paperasse, de la famille proche, des cousins éloignés que je ne connais même pas et des amis de la famille qui semblent concernés aussi. Mon cousin préféré s’occupe des innombrables potes (la dernière fois que j’ai compté, ils étaient au moins 2)

J’ai comme cela, tout le temps de trainer mon spleen à l’écriture de ce blog et je trouve l’exercice de plus en plus interessant.

— J’arrête ici, ma fille (Je t’embrasse) a faim et il est 14h !!! (OMG, Père indigne !)

Fin du monde

Avant-Propos

  • 7 septembre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Nous sommes au mois de Septembre 2019, je viens d’apprendre que j’ai 41 ans et un cancer du sein dont la prochaine étape est la phase de métastasification.

Argh, ça commence bien, à en croire mon correcteur orthographique, ce dernier mot n’existe pas… J’y reviendrai plus tard mais qu’est-ce que ça peut me gonfler les correcteurs orthographiques. Ils sont péremptoires, quasi fascistes, à corriger des mots tous seuls sans que je demande quoique ce soit… Certes, c’est rassurant de penser qu’on peut écrire sans faute ou presque mais voilà encore un exemple d’un outil qui s’installe peu à peu dans nos vies pour nous faire perdre notre autonomie face à la machine… Comme le GPS, ou Siri. Heureusement que Google est là pour me rappeler mes rendez-vous ou la date de naissance de ma meuf…, mais, nous n’y sommes pas encore, c’est l’objet d’un futur article !

Bon… Si je ne continue pas la trame principale, nous allons vite patauger, revenons donc au coeur du débat : moi même !

Dans un éco-système où tout nous pousse au narcissisme, où il devient la principale des vertus sinon un métier fort rémunérateur pour beaucoup, pourquoi ne pas prendre le train de l’égocentrisme direction mon nombril!

Après tout, l’expérience sera peut être plus enrichissante d’un point de vue purement personnel que la publication sur Instagram d’un selfie à la plage ou d’une nième photo de bouffe (Pardon « création culinaire ») dans un bar fashion à la con…

Venons en au fait, tout le paradoxe de la situation est que je ne me suis probablement jamais senti aussi bien. Faut-il un évènement dramatique de ce type dans une vie pour commencer à réfléchir ??? Je parle du fait d’avoir 41 ans!

J’ai bien peur de devoir admettre que la réponse est oui.

2 mois depuis que cet événement me tombe sur la tête (Je voulais mettre « gueule », mais j’ai peur que ma mère tombe sur cet article un jour), et Wow, tout devient plus clair, limpide, simple.

Exactement l’inverse de ce texte ! ahaha !

Je ne viens pas ici expliquer comment ou pourquoi la vie est belle, qu’il faut en profiter et blablabla, ou que je vais me faire tatouer carpe diem sur le torse… (Hum. Quoique !)

Un petit rappel au titre et à la base de ce site, blog, foutoir, whatever, c’est bien de la fin du monde dont on va parler mais, ça aussi, on y reviendra.

S’agit il d’un exutoire pour chasser d’éventuelles idées noires? Probablement.

S’agit il d’un moyen de distraction pour éviter de comater devant des sous-séries Netflix à la con? Certainement…

S’agit il d’un apitoiement sur soi? Évidemment !

S’agit il d’un truc qui n’a ni queue ni tête ? J’espère bien !!!

Il s’agira surtout de Requins, de Baleines, d’Effondrement, de ma Fille (je t’embrasse), de cancer, de rock, (ahaha, la blague… « De cancer de rock »…!)

Il s’agira aussi de femmes, d’hommes (euh non), de politique (euh non aussi), de gilet jaunes (euh, non pareil), d’environnement et de Poissons Rouges !!!

Faire un point jour par jour (ou pas) sur la maladie et son évolution (enfin surtout de ma chute de cheveux… sinon, Je fais comment moi ??? Pour poster des selfies de oufs sur Insta !!!)

Pour finir en un mot, pardon maman, mais :
Putain, ça va en faire des trucs à raconter ! (Oui, ça fait plus qu’un mot, je sais !)

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