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Fin du monde et poissons rouges
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Fin du monde

Chirurgie – J-2 – L’armée des 12 singes

  • 3 mars 20203 mars 2020
  • par Franck

Moral: 8.5/10 – Physique : 8/10 – Météo: Hiver tardif – Poids: 88.0 – Inspiration : Faire le plein de boîtes de conserve avant la fin du monde

Un peu plus de trois semaines sont passées depuis la dernière chimio et elle me semble déjà loin… très loin derrière. J’ai presque l’impression de ne pas avoir vraiment vécu cela pour de vrai… Comme un réveil après mauvais rêve duquel on sort un peu patraque mais plutôt content que cela ne soit pas réel.

D’après Google, il y a plusieurs études assez sérieuses sur le principe d’oubli volontaire du cerveau. En effet, ce dernier possède la faculté incroyable d’oublier les souvenirs pénibles ou douloureux. Un mécanisme « naturel », considéré comme un trait positif voir vital dans l’évolution humaine.

Une explication tirée d’un article : « Si les chasseurs de l’âge de pierre ayant échappé aux griffes d’un lion en chassant une antilope n’avaient pas pu oublier la frayeur, ils auraient cessé de chasser et seraient morts de faim. »

La nature est sacrément bien faite !

Petit aparté : Evidemment, tous les mauvais souvenirs ne sont pas oubliés… Pas sûr que l’on puisse oublier certaines choses même si cela arrangerait bien les affaires de Tariq Ramadan ou d’Harvey Weinstein par exemple, pour ne citer qu’eux…

Mais changeons plutôt de sujet pour un autre thème à la mode sur BFM-TV : le Covid-19 (Corona Virus pour les newbies). C’est quand même plus sympa qu’une agression sexuelle et bien plus raccord avec l’essence de ce blog.

J’avoue que le Corona ne m’intéresse que très moyennement. Pour l’instant, il faut reconnaître qu’il occupe plus les médias que les morgues… et ceux qui me connaissent un minimum comprendrons ma légère frustration. Une efficacité indéniable à la contamination mais un rendement ridicule pour le passage en caisse (en sapin de préférence).

J’exagère le trait en disant que cela ne m’intéresse pas… Covid-19 est d’une efficacité redoutable pour foutre un bordel monstre ! Tout cela me rappelle étrangement L’armée des 12 singes…

M. Mélanchon et ses potes devraient peut-être prendre des notes au lieu de nous faire chier avec le régime des retraites ! Voilà un vrai moyen d’action efficace contre la mondialisation. Juste une petite portion de code génétique avalé par un chinois et hop, I am Legend en moins d’un mois, rues désertées et consommation en berne !

Finalement, il a du Panache ce Corona Virus ! Oups, je m’égare un peu là !

Hier, j’ai dû abandonner mon vélo au profit d’un Uber car il pleuvait des cordes (comme tous les jours ici depuis que Paris est la capitale de la France). Jusqu’ici, tout allait bien : chauffeur limite sympa, ambiance feutrée, radio en tâche de fond qui parlait du Corona truc.

À peine le temps de refuser l’un de ces bonbons dont seuls les Uber ont le secret que je me mets à tousser légèrement. Je surprends un regard angoissé du chauffeur qui me toise dans le rétroviseur. Je tousse à nouveau et là, le regard devient noir, chargé de peur et d’animosité.

  • Ne vous inquiétez pas, dis-je avec bienveillance, je suis atteint d’un cancer et je tousse depuis 6 mois à cause de la chimiothérapie, aucun rapport avec le Corona Virus !
  • Ah… D’accord Monsieur, répond-il avec un soulagement non dissimulé dans le ton de sa voix.

Je crois même déceler un léger sourire de satisfaction dans son regard. J’avoue qu’a sa place j’aurais eu exactement la même réaction. Cependant, dans mon esprit, l’étalage de son dédain absolu pour mon état de santé entraine immédiatement la perte d’une étoile dans son évaluation d’après course.

Ma voix intérieure me traite alors de minable pour cet acte d’une couardise abjecte. À contre-coeur donc, je lui ai finalement attribué ses 5 étoiles, n’ayant objectivement rien à lui reprocher.

Bref, demain après midi, je rentre à l’hôpital ! L’étape cruciale et tant attendue arrive ! Tout à coup, ce temps que je trouvais si long il y a peu s’accélère drastiquement et le bloc opératoire se rapproche à grands pas.

  • Mes tétons : Quoi ??? C’est dans deux jours l’opération ? Comment ça ? Déjà ? Mais c’est pas possible ! Plus que deux jours à tenir ? On a le droit à une dernière clope ?
  • Voix intérieure : Non, interdiction de fumer, c’est l’anesthésiste qui l’a dit !
  • Moi : Rho, mais bouclez la vous deux ! Déjà, des tétons qui parlent ça n’existe pas et en plus, vous allez flinguer le tournage en cours…

Ah oui, je ne t’ai pas dit. Pour ne pas faire les choses à moitié et continuer à flatter mon égo déjà bien boursouflé par toute cette aventure, une équipe de tournage de France 5 va venir filmer l’intervention. Il s’agit du Mag de la Santé sur France 5*.

* : Merci Caro de les avoir contacté 😉

D’ailleurs, en ce moment même, j’ai un caméraman juste derrière mon épaule qui est en train de filmer ce que j’écris… C’est assez perturbant ! Ecrire de conneries tout seul derrière un bureau, c’est facile mais avec une équipe de tournage juste derrière c’est tout de suite moins évident.

Aujourd’hui, ils font un mini reportage à la maison pour présenter le blog et ma petite personne. Ce soir, avec des amis et ma chère et tendre nous parlerons de comment l’entourage a réagit à la nouvelle. Théoriquement, j’ai prévu suffisamment d’alcool pour qu’ils puissent au moins faire semblant d’être concernés devant les caméras…

– Mais pourquoi ai-je besoin d’en rajouter au point de vouloir passer à la TV ?

Etant dans une phase exhibitionniste et narcissique depuis le départ, je me dis : autant aller jusqu’au bout. Je crois surtout que cela rendra l’expérience attrayante et excitante lors du passage au bloc. Une façon de survoler l’expérience plutôt que de laisser mes tétons se morfondre lamentablement sur leur fin imminente. Je trouve cela plutôt ludique d’aller au bloc dans ces conditions. Chacun se fera son jugement.

– Suis-je devenu une pute à click ?

Oui, aucun doute ! Je crois d’ailleurs que je l’étais déjà bien avant le cancer ! C’est juste qu’avant la maladie, bah… ça marchait pas…

– Est-ce que je veux devenir une sorte porte drapeau pour les hommes pincés par les crustacés ?

Non, je ne crois pas ! Je n’ai pas plus de compassion pour le genre humain que j’en avais il y a encore 6 mois !

A ce moment précis, j’hésite à écrire en avance deux articles. L’un si l’opération échoue* et l’autre si elle est réussie. L’idée d’écrire un article poignant et déchirant de tristesse en insultant le corps médical peut sembler attrayante… Tout comme celle d’en écrire un dithyrambique à l’encontre de ma chirurgienne et de toute son équipe.

Écrire quelque chose en avance perdrait en sincérité et ne serait pas honnête donc je vais éviter. Je vais donc remballer ma haine virtuelle et mon admiration pour les prochains jours et déballer tout cela le moment venu.

* : Note pour ma mère (ça faisait longtemps) : Quand je dis : « Si l’opération échoue », je veux dire : si la cicatrice est ratée… Arrête de dramatiser !

Juste un mot sur l’opération elle même : Oui je flippe du bistouri, je mentirais en disant le contraire. Maintenant, je n’ai pas d’appréhension particulière non plus. Je flippe surtout de l’après et de la trace indélébile qui restera mais nous auront l’occasion d’en reparler (ou pas).

Je termine ici car il faut absolument que j’aille préparer l’apéro et en plus, je n’ai plus rien à dire.

PS : Si je n’écris pas de nouvel article d’ici 3 semaines, c’est que ma mère avait raison de dramatiser 😀 /

Sinon, bah… à la prochaine

Fin du monde

Chimio #6 – J+11 – Reforestation

  • 6 janvier 20206 janvier 2020
  • par Franck

Moral: 10/10 – Physique : 7/10 – Météo: Beau! – Poids: 87.7 – Inspiration : Environnementale

Nous sommes le Lundi 6 Janvier 2020, je viens d’accompagner ma fille (je t’embrasse) pour la rentrée scolaire. Elle était totalement ravie de retrouver ses camarades de classe ce matin. Au début, j’ai cru que c’était pour le plaisir d’étudier la critique de la raison pure de Kant. Elle m’a dit : « Mais non Papa, regarde, j’ai une dent qui bouge !!! Je vais montrer ça à mes copines ».

Un petit passage sur Google pour vérifier si c’est normal à presque 6 ans et la réponse est Oui. Petit Ouf de soulagement.

Une première dent qui bouge ? Déjà ??? Mais c’est pas possible ! Tu es née hier !!!

Il y a des étapes comme ça, où tu prends une petite claque sur la joue (ou une grosse baffe ailleurs). Je suis content de te voir grandir évidemment mais c’est dur de se rendre compte à quel point tu le fais vite. Demain tu seras à la Fac et on aura tous pris quelques cheveux blancs. Toujours ce foutu temps qui passe…

Bon, tout cela mis à part, l’article du jour s’appelle reforestation. Je voudrais bien parler de ces quelques 8 millions d’hectares* de forêts partis en fumée en Australie durant l’été Austral mais là n’est pas le débat. Je veux bien sûr parler d’un sujet au combien plus interessant, à savoir la repousse de mes cheveux !!!

* : Mis à part pour les agriculteurs, la notion d’hectare est souvent vague pour à peu près tout le monde. Et quand on parle en millions, seule une poignée d’élus peuvent comprendre. Quand je dis « élus », je ne pense pas forcément à Balkany… (Pauvre Partick!).

Pour continuer l’aparté sur les braises, la France fait environ 64,4 millions d’ha. C’est donc 1/8ème de la superficie totale de la métropole qui vient de cramer…
Bon, c’est pas dramatique non plus, c’est pas comme si il n’y avait pas eu des incendies records en Arctique, en Sibérie, ou à peu près partout *.

* : J’ai volontairement omis l’Amazonie car les incendies records ne sont même plus un phénomène considéré comme « extraordinaire »…

Comble des combles, si le Sud-Est est en proie aux flammes, le Nord-Ouest est en alerte pour pluies torrentielles avec risque d’inondation, faute à une tempête tropicale…

Ah !!! Rien de tel qu’un petit préambule champêtre pour commencer la journée 😉

Du coup, la repousse des trois poils sur le cailloux qui me sert de crâne paraissent bien pâlichons à côté des marsupiaux calcinés mais qu’importe, ils sont là !!!! J’ai même mis à jour le Portfolio pour rendre compte d’un progrès capillaire significatif !

Sinon, que dire après 11 jours de cette savoureuse 6ème séance de Chimio. Une semaine difficile où les effets secondaires ont frappé pile poil autour du nouvel an. Un corps de vieux pour les festivités, un avant goût de mes 80 ans. Mon beau-père me dit toujours que « la vieillesse est un naufrage… ». Je le crois maintenant.

Cependant, depuis le passage au Taxotère, je peux reprendre une réelle activité physique. En ce sens que je peux aller courir le dimanche matin et dépasser sans sourciller les mamies qui marchent dans la rue. J’ai même gagné une course contre un type en trottinette ! Bon, ok, il s’est fait renverser par un scooter*.

* : Cette anecdote est fausse bien sûr, c’est par un bus qu’il s’est fait percuter!

En plus de booster le mental, le petit footing du dimanche matin évacue aussi une partie du foie gras engrangé pendant les fêtes. Il ne reste plus que les escargots, le saumon, le gigot de chevreuil, la fondue savoyarde et la tourtiflette, la mayo des crevettes, la mayo des bulots, la mayo des pinces de crabe, la mayo du pain…??? Un grand merci au passage à Pierre et Véro pour 4 jours fabuleux au soleil de Porquerolles avec la famille, terminés par la visite de dauphins pour le jour de l’an. Ils ont fait grimper mon moral au delà de ce qui est mesurable.

J’espère que j’entame comme toi cette nouvelle année avec plein de bonnes résolutions que je m’empresserai vite d’oublier.

En voici quelques unes classées par ordre aléatoire suivi du pourcentage de réussite estimé :

  • Arrêter de fumer (comme tous les ans) – 5%
  • Faire du patin à roulette (Ah non, ça c’était celle de l’an dernier…) – 0%
  • Faire plus de sport (ça devrait pas être très compliqué) – 99%
  • Ne pas aller voir le dernier Star Wars au cinéma – 100%
  • Prendre du temps pour faire des choses importantes – 100% (Ceci ne concerne pas le vidage des poubelles par exemple)
  • Envoyer mes papiers à la sécu en temps et en heure – 1%
  • Continuer à raconter des conneries – Non noté car c’est un fait et non une résolution
  • Arrêter de lire des bouquins catastrophistes – Hum… 3%
  • Prendre du temps pour profiter – 100%
  • Devenir végétarien – 5%
  • Dégommer ce qu’il reste du crabe – 100% (J’ai d’ailleurs mangé un paquet de tes congénères à Noël…)
  • Prendre du temps pour ne rien faire – 100%
  • Quitter Paris et acheter un bateau – C’est relou de l’admettre mais 4%
  • Prendre des psychotropes – 75%
  • Arrêter mon abonnement Netflix – 90%
  • Ecrire un article élogieux sur Donal Trump – 100%
  • Prendre du temps pour les amis (et refaire le monde, le cas échant) – 100%
  • Manger des Chips ! – 100%

En avant toute vers chimio #7 et comme dans Highlander : il n’en restera qu’une !

PS : A tout ceux qui avaient parié en douce que je ne passerais pas les fêtes : Désolé… Et pour ceux qui ont cru en moi, je prends 10% sur la recette des paris alors merci de vous signaler auprès de mon secrétariat.

PPS : J’ai tenté de me retenir mais comment ne pas reparler de l’ami Poutine et de ses bons tuyaux.

Je ne reviens pas sur le fait qu’il « rechigne » à considérer l’activité humaine comme responsable du changement climatique. C’est fait, n’en parlons plus.

C’est plutôt l’adoption de son « plan d’adaptation » au réchauffement global qui m’interpelle aujourd’hui. Un plan sur 2 ans sans réel détail précis qui vise à analyser comment le réchauffement climatique peut s’avérer bénéfique pour le monde (Heu… la Russie pardon).

La fonte des glaces entrainant la création de nouvelles voies de navigation, facilitant d’autant l’extraction de nouvelles ressources naturelles, la fonte du permafrost amenant aussi de nouvelles surfaces cultivables… Hum… que des bonnes idées !

Décidément, on arrête pas le progrès.

Fin du monde

Chimio #4 – J+11 – Mon ami Jeff

  • 25 novembre 201925 novembre 2019
  • par Franck

Moral: 9/10 – Physique : 8/10 – Météo: digne du réchauffement climatique – Poids: 86.5 – Inspiration : Ensoleillée

Un rapide coup d’oeil à mon article précédent me fait dire que j’ai mis la dose question apitoiement et geignement…
Je n’écris pas cela en voulant m’excuser, loin de moi cette idée. Au contraire même, cela fait partie de l’exercice et jouer les Calimero possède aussi de bons côtés que je ne détaillerai pas ici.

Le lendemain déjà, tout allait beaucoup mieux. Je serais même tenté de dire que le dernier shot de Mojito rouge est passé crème comme disent les jeunes. Très peu d’effets secondaires (comme d’habitude finalement) et, hormis une baisse de moral flagrante le lundi matin à J+4, j’ai vécu une semaine des plus réjouissantes. Moral haut, physique en rémission, que demander de plus.

Au toucher, la boule a sensiblement diminué une nouvelle fois et je vais finir par prendre goût à l’auto-palpation. De là à dire que 13 ans de vie commune limitent drastiquement les touchers respectifs du couple, il n’y a qu’un pas. Toujours est-il que la machine est une nouvelle fois repartie, direction C#5 dans un peu plus d’une semaine.

Il s’agit d’ailleurs d’une période charnière puisque je vais passer sur un autre traitement. Cette semaine s’annonce bien remplie avec des examens dans tous les sens, j’ai l’impression de retourner à la FAC et de devoir valider mon premier semestre. A la différence près que si je rate ces examens là, je risque, non pas de repiquer pour une année supplémentaire mais, de ne pas passer les fêtes de fin d’années… (Maman, c’est juste une blague… tu crois quand même pas que je vais te laisser ma part de foie gras.)

Bon, sinon, je ne sais pas quoi raconter aujourd’hui, à part que ma fille est une véritable peste et que ma meuf est un amour en ce moment, à moins que ce ne soit l’inverse ! Argh, je ne sais plus à vrai dire… J’ai l’impression qu’elles se concertent parfois pour s’échanger les rôles. En somme donc, rien de très nouveau de ce coté là non plus…

Ah si ! J’avais commencé ce blog en voulant parler de la fin du monde. Sujet au combien important à mes yeux, d’autant que j’en travaille l’argumentaire depuis bientôt 41 ans. Je serais même tenté de dire que c’était l’unique sujet qui m’intéressait au départ; le cancer ne servant que de catalyseur ou de prétexte pour écrire. Le parallèle Cancer pour moi / Humanité pour la planète était tout trouvé. Le contexte écologique, économique, social, et culturel actuel n’ayant rien à envier aux pire films catastrophe hollywoodiens, je me trouvais devant un véritable boulevard pour, d’une part, balancer au monde ce que je pensais de lui et d’autre part, arrêter d’emmerder mes proches avec cela.

Oui mais voilà !!! Un problème et non des moindres survient alors ! Etant en plein effort de pensée positive et d’auto-psychanalyse à propos du Crabe et de la vie en général, je vois mal comment je pourrais concilier toute cette « positive attitude » avec le torrent d’insanités que je pourrais balancer sur mon prochain.

J’ai surtout arrêté d’en parler, enfin, j’essaie pour l’instant, disons que ça fait partie de la thérapie. Je n’ai pas plus d’espoir qu’hier dans le changement d’attitude de l’humain face à la nature ni plus d’optimisme quant à une quelconque amélioration de la situation pour les espèces animales ou le réchauffement climatique… Je crois juste que l’on a autant de chances de sauver la planète que la France n’en a de gagner l’Eurovision. C’est malheureux à dire mais il faut vivre avec. Le fait d’en parler en permanence, dans tous les médias comme c’est la mode actuellement ne change au problème. Au contraire, ça a plutôt tendance à stresser ou angoisser tous ces pauvres gens au moment d’acheter leur lessive. Je parle bien sûr de nos échecs successifs à l’Eurovision.

Petite digression*, je souhaitais faire un article sur Jeff Bezos un jour mais France 5 s’est chargé de le faire à ma place en bien mieux. Si tu as une petite vingtaine de minutes devant toi, essaie de regarder « Le monde selon Amazon ». Ce documentaire, concis et relativement bien orchestré, retrace le parcours de cette société qui semble symboliser, à elle seule, le massacre inéluctable de l’homme par l’homme. 20 minutes de survol de tout ce que la société a de pire en elle.

Je voulais m’arrêter là mais un dernier mot… Pause dej comprise, j’ai mis 3h pour écrire cet article… soit :

  • Le temps qu’il faut à Jeff Bezos pour gagner 27 375 000 $ (Attention, ce chiffre ne contient pas de virgule, il s’agit bien de 27 millions… j’ai refait le calcul 3 fois. Basé sur ces revenus 2018)
    Rien que le temps de refaire le calcul 3 fois, soit environ 1 minute, il a encore gagné 152 083 $ (Le bougre)
  • Amazon a envoyé 1 708 400 colis partout dans le monde
  • On a tué environ 32 400 requins (et je ne parle pas du reste)
  • Il y a eu 50 328 Naissances dont 29 160 personnes supplémentaires à nourrir pour les 80 prochaines années (Naissances – décès)
  • Un que je trouve assez drôle (drôle étant relatif bien sûr) : 345 600 oiseaux ont trouvé la mort en percutant un immeuble (et ce, rien qu’aux états unis…)
  • Trois chasseurs ont été tués dans le Var (chiffres et taux d’alcool en cours de vérification…)

La bonne nouvelle du jour, c’est qu’il y a eu aussi 65 880 000 rapports sexuels dans le monde durant ces 3 dernières heures. Mais qu’est-ce que je fou là à écrire !!!

Heureusement que sur BMF TV et TF1 il y a encore des gens pour croire que le monde ne va pas si mal…

* : J’ai dit que j’allais essayer de ne plus aborder le sujet de la fin du monde, pas que j’allais réussir… Il paraît que tout le monde à le droit à l’erreur.

Journal Chimiothérapeutique

Chimio #4 – J+4 – Complainte en terre du…

  • 18 novembre 201919 novembre 2019
  • par Franck

Moral: 5/10 – Physique : 4/10 – Météo: pourrave – Poids: 88.8 – Inspiration : Grognon et hargneux

Et Voilà ! Jour de fête !!!! La tant attendue 4ème chimio vient de passer. 4 sur 8, les meilleurs en math auront compris que j’en suis à la moitié. Finalement ça passe assez vite…

Pour les technophiles, terminé le EC-100 (produit rouge ou Morijito Rouge, aussi appelé le produit qui te défonce pendant 4 à 5 jours). Place au Taxotere maintenant ! J’ai bien tenté de lire une liste exhaustive des effets secondaires mais j’ai eu envie de vomir dès la deuxième ligne alors on va faire comme pour la phase précédente. Ne rien lire sur le sujet et me laisser le loisir de déguster l’instant sans anticiper.

Quand on ne maitrise pas la situation, il semble dérisoire de chercher à la contrôler. C’est un peu comme quand tu es à bord d’un A-380 au dessus de l’Atlantique et que tu regardes la listes des consignes de bord en cas de dépressurisation… comme si ça pouvait te donner le pouvoir de contrôler quoique ce soit. Autant prier pour que l’Oxygène du masque te fasse planer suffisamment pour kiffer la dernière descente avant la baignade forcée.

J’avoue que ce matin la motivation est dure à trouver. Physique à l’abandon et moral en berne sont les maîtres mots du jour. *

* : Note pour ma mère : Maman ne t’inquiète pas, j’en rajoute un peu pour faire genre… En vrai, je suis en descente de Cortancyl… Tu sais, le truc qui te boost physique et moral pendant 3 jours, qui te fait prendre du poids par rétention d’eau et qui te pète le moral dès que tu arrêtes…

J’en étais où déjà ? Ah oui, la complainte de la terre du milieu !!! J’y reviens…

A la moitié de la chimio, le constat est sans appel, il y a clairement une nette dégradation physique déjà. Malgré les efforts consentis pour garder la forme, il parait loin le temps des rires et des chants. Force est de constater aussi que la motivation pour relancer la machine est de plus en plus difficile à trouver après chaque passage du bulldozer (ou « Cure »).

C’est assez difficile à expliquer mais, généralement, quand on fait une activité physique, quelque soit je suppose, on suit tous plus ou moins un schémas relativement identique :

– On débute, on souffre, on galère puis on PROGRESSE, on stagne un peu, on se re-motive, on en remet un coup, on souffre, on galère puis on PROGRESSE !

Au bout d’un certain temps, la « souffrance » disparait au profit d’une réelle forme de plaisir (Si si, c’est vrai !) et on a plus qu’à maintenir un état de forme à peu près stable. On fait varier légèrement l’effort au grès des tartiflettes ou des soirées bières pizzas pour maintenir le radeau à sec et tout va bien…

Là, après chaque chimio, c’est comme si tout repartait à Zéro… La progression obtenue à prix d’or quelques jours plus tôt est totalement écrasée, laminée. Il faut tout reprendre depuis le début, se motiver pour soulever sa carcasse du lit est un effort considérable et faire 3 pompes sur les genoux est un enfer. La tête qui tourne dès que tu montes un étage à pieds, le corps douloureux, bref… Il y a une voie d’eau dans le radeau et tu écopes à la petite cuillère…

Le côté cool et expérimental du début laisse place à une forme de lassitude qui devient assez pénible à force de ramasser les morceaux et de recommencer inlassablement ces 3 semaines de cycle*. La tête et le corps finissent par comprendre que dans 3 semaines : Rebelote… (Et pas sûr de récupérer les 10 de der !).

* : Avis à toutes les bonnes âmes qui sont déjà en train d’écrire le texto du « Ne lâche rien, etc! »… C’est extrêmement gentil, mais je ne suis pas en train de dire que je vais lâcher l’affaire, je suis juste en train de me plaindre 😉

Je souhaite aussi aborder un sujet que beaucoup de gens connaissent probablement mais qui est une première pour moi, je veux parler des doux échanges avec l’assurance maladie.

Petit retour en arrière sur le calendrier : les réjouissances ont débutées le 28 Août dernier, date du début de mon arrêt maladie.

Cela fait donc presque 3 mois ! Eh bien figure toi que depuis cette date, je n’ai pas eu la moindre rémunération de la part de qui que ce soit. Je songe d’ailleurs très sérieusement ajouter un formulaire de dons à la fin de cet article. 3 mois donc que je passe des matinées entières à tenter d’appeler la sécu et d’avoir une réponse quant à la prise en charge de mon arrêt.

3 mois que toutes les semaines, je tombe sur un type ou une nana dont la compassion n’est visiblement pas le point fort. Un schémas de discussion quasi identique à chaque fois :

Je passe sur les 15 minutes d’attente que tout le monde connait…

Tout d’abord viennent les explications d’usage sur le fait qu’il ne peut rient faire pour toi car il ne fait que son métier. Viennent ensuite les explications profondes sur le fait qu’il n’est pas LE responsable et que les délais de traitement sont extrêmement longs. Lui, le pauvre, ne décide de rien et le dossier est bloqué à un niveau auquel il n’a pas accès car il est dans le « Système ». La discussion se termine souvent sur une dernière salve d’excuses montrant à quel point il est, encore une fois, « sincèrement désolé ». Nous nous quittons enfin sur un « Bon courage à vous et bonne journée », trahissant parfois un manque d’empathie certain nuancé par sa volonté de te montrer à quel point ce n’est pas son problème.

Soit dit en passant, je n’aurais pas beaucoup plus de compassion à sa place… Qui en aurait ? Enfin, Je veux dire, qui en aurait sérieusement… ??? L’entraide et la compassion ont, depuis bien longtemps, cédé la place à la télévision qui a, elle même, cédé la place à Hanouna…

Voici quand même, pour la petite histoire, l’énoncé des faits pour mesurer le ridicule ou la dramaturgie de l’affaire.

– Début Septembre, j’envoie un dossier pour mon arrêt de travail avec tous les documents nécessaires (Naïf que je suis !!!). J’avais tout, tout, tout ! Le dossier était aussi épais que l’égo de Philippe Martinez !

– Vers Mi Octobre, « Anne, ma soeur Anne, ne vois tu rien venir ? »
La SECU : – Heu… désolé non, je n’ai rien du tout sur votre dossier! Essayez de rappeler d’ici 1 semaine… (Des fois que nous soyons, d’ici là, éclairés par la lumière divine)

– Débutent alors des appels journaliers…
La Sécu (Au bout d’un certain temps) : « Ah si, attendez, on vous a envoyé un courrier le 9 Octobre disant qu’il nous manquait un document… » (Pour information, j’attends toujours ce courrier…)

– Je finis par envoyer le dit document manquant. Il s’agit d’une attestation sur l’honneur stipulant que les documents que j’ai transmis dans le dossier sont vrais et que je n’ai pas menti !!! (Je te jure que c’est vrai)

– 3 semaines plus tard, la sécu n’a toujours pas reçu le document…
Exemple d’argumentaire du type au téléphone : « Peut être que nous l’avons bien reçu au courrier mais qu’il n’est pas encore rentré dans le « Système ». Le « Système » dans leur jargon, doit être une sorte de démon surpuissant qui gère tout et qui décide de tout… Le mieux serait que vous appeliez la semaine prochaine. A croire que leur système informatique est encore plus lent que mon système immunitaire…

– 1 semaine à 2 semaines plus tard : Oui, Monsieur, nous avons bien reçu votre document ! Enfin, il est bien vu comme reçu maintenant mais il n’est pas encore traité !… Je vous conseille de nous appeler la semaine prochaine…

– 1 semaine plus tard, le document est traité, mais il n’est pas validé car il doit passer en commission! (J’ai des envies de …)

– ENFIN, Ce matin : Je tombe sur une meuf qui me dit qu’elle passe mon dossier en Urgence (Hum, la bonne affaire !!!). Elle ne comprends pas ce qui est arrivé sur mon dossier mais elle fait le nécessaire…

D’habitude, ils me disent qu’ils ne « savent » pas ! Là, elle m’a dit qu’elle ne « comprend » pas… Dois-je y voir une évolution positive ? Le signe d’un éventuel déblocage de toute la pyramide de conneries accumulées dans leurs bureaux à la con???

J’ai bien peur d’avoir une partie de la réponse en tête…

Voilà pourquoi le moral de ce matin est en berne, c’est insupportable d’avoir affaire à des gens dont le métier est de ne pas faire le leur ! Je veux bien dire que Jeff Bezos est le seul et unique responsable de la montée des eaux, mais la perte des miennes est liée à l’administration ce matin !

Monde de merde !

PS : Je voulais ajouter une note positive du genre : « Ne t’inquiète pas, ça ira mieux demain… ». Alors je vais tenter un truc :

Vivement demain !

Journal Chimiothérapeutique

Chimio #3 – J+11 – El Camino !

  • 4 novembre 201926 novembre 2019
  • par Franck

Moral: 8.5/10 – Physique : 7/10 – Météo: Extraordinaire – Poids: 86.0 – Inspiration : Pute à clicks!

Quelle joie de retrouver la feuille blanche en ce jour ensoleillé de Novembre à Paris, comme quoi, tout peut arriver. Voilà déjà 3 jours qu’un article du Figaro Santé a été publié sur le net et me voilà propulsé au rang de star du pâté de maison pour avoir attiré ce weekend près de 30 000 vues sur ce blog qui n’en demandait pas tant. Je crois que même chez Carrefour, lors des journées portes ouvertes de la saucisse ou de la TV 8K à moitié prix et le sachet de chips offert, ils ne reçoivent pas autant de gens. Manquerait plus que ma caissière préférée me demande un autographe en même temps que ma carte monoprix et mon égo explosera littéralement. Soit dit en passant, je serais extrêmement déçu qu’elle ne le fasse pas… Bon, au pire, je lui proposerai de signer le ticket de caisse…

Puisque nous sommes entre gens bien élevés, merci Maman! Je tiens à remercier Cécile Thibert du Figaro dont l’article est visible ici. Pendant qu’on y est, je remercie aussi ma chère et douce compagne Caro (dixit « ma meuf » dans les articles précédents) qui, en plus de supporter ma vanité croissante, a eu la bienveillance (ou l’obligation morale) de communiquer, auprès de journalistes spécialisés, l’existence de ce blog.
Une dernière couche pour tous ceux qui ont eu la gentillesse de me laisser des commentaires, des messages d’encouragements, de partage d’expérience ou d’insultes ! En bon démocrate, j’ai naturellement censuré ces derniers.

Avec tous ces remerciements, j’aimerais bien m’acheter un César en chocolat pour fêter dignement ce weekend de glorification de ma petite personne mais un retour à l’humilité semble plus raisonnable et recommandable.

Me voilà bien avancé maintenant, moi qui criait à mon entourage de ne SURTOUT pas parler de la maladie à qui que ce soit, de peur de devoir gérer le gentil mais non moins détestable texto me rappelant sans cesse ma condition (tu sais, le fameux « Courage blablabla »), j’ai passé le weekend à épier le nombre de connexions et à tenter de remercier tout le monde, sourire béat aux lèvres, exhibant fièrement le nombre de lus sur chaque article… Une vraie pute à click ! La vanité ne connait décidément aucune limite.

J’en oublierai presque le pourquoi du comment j’écris cet article… Ah oui, c’est vrai ! Le cancer !!!
Ce pauvre crabe a été contraint de s’éclipser face à la joie (folie furieuse) d’en parler à tout le monde et de déballer mon flot habituel de conneries sur ma joie actuelle de vivre, manger, boire, vomir, What else… ?

Après une énorme claque physique lors de la 3ème cure, tout est rentré dans l’ordre. 5 jours dans le corps pitoyable d’un lamantin et hop, ça repart ! Tranquillement, on remet une pièce dans le Jukebox, on enfile son costume mal taillé du tigre fatigué mais encore féroce… ça tombe bien c’est halloween, le teint pâle ne choquera personne !!! Et on repart pour sa petite heure de footing (et ses 8h de récupération !)

Avant que j’oublie, voici un petit conseil pour le petit club très restreint des Nauséeux Post-Chimio du dimanche après midi. J’ai découvert un petit produit MIRACLE, un petit bijou de technologie :

Il s’agit des bonbons au Canabis ! Ou Cannabis infused Gummies comme il est écrit sur le sachet (je crois que c’est de l’anglais) !
Depuis la création de Findus voire même du poisson pané congelé lui même, je pense que l’industrie agro-alimentaire n’a jamais rien produit de meilleur ! Le goût est assez détestable, mais l’effet est vraiment sympa…

Petit rappel historique: Mon chimiothérapeute*, qui est quelqu’un de très sympathique et conciliant, m’avait suggéré de fumer des pétards après la chimio pour le côté anti-vomitif de la chose. Pour mon plus grand plaisir, j’ai évidemment tenté l’expérience après la chimio #2 ! Mais étant une petite nature, cela m’avait plutôt peu réussi et a eu tendance à augmenter l’état de fatigue et de faiblesse générale. Ce qui n’était pas le but recherché…

* : Désolé de dire « Mon » Chimiothérapeute comme s’il s’agissait de ma propriété… Simple aparté, mais je préfère simplement signaler… Je déteste ça… Mon médecin, ma femme, mon chien… On a vraiment un problème avec la possession !!!

Pour la Chimio #3, je me suis dit tiens, et pourquoi pas une petite gourmandise avec des bonbons au THC/CBD ??? C’est moins bon qu’une tarte au fraise certes ! Mais dans mon état, la tarte aux fraises me donnait envie de me mettre à genoux devant ce petit bassin d’eau potable dont nous nous servons tous pour c**** !

Voici pour le retour d’expérience :
– Pour les petits toxicos du samedi après midi, je sais qu’il y en a parmi vous, inutile de chercher l’effet planant, le bon vieux 3 feuilles reste bien plus efficace.
– Pour les petits aficionados de la chimio par contre, ils ont été d’une grande aide. 30 minutes après ingestion, effet immédiat, oubliée la méchante nausée et place à un bon gros dodo tout peace en perspective !

Bref, sans faire l’apologie de la drogue (ce sera surement l’objet d’un autre article)… Il y a un réel gain à consommer ce petit produit miracle. Aucun effet secondaire à ma connaissance et un vrai apaisement de la nausée. Pour s’en procurer, j’avoue que je n’ai aucune idée de comment on fait… C’est un pote qui me les a donné et j’aimerais bien vous donner son nom mais il ne serait peut être pas du même avis…


Voici ce que je peux vous dire :
La marque : KIVA Confections
Le produit : CAMINO – Cannabis Infused Gummies
Le ratio : 2Mg de THC / 6 Mg de CBD par bombec.

Un dernier mot pour notre cher président :

  • Monsieur le président, Je vous fais une lettre
  • Que vous lirez peut-être, Si vous avez le temps.
  • Je viens de recevoir, Mes Bombons salutaires
  • Pour partir à la guerre, Contre la gerbe du soir.

 

  • Monsieur le président, La drogue n’est pas mon affaire
  • Mais je me roule par terre, Pour aider des braves gens
  • C’est pas pour vous fâcher, Il faut que je vous dise,
  • Ma décision est prise, Je me roule un pétard que je m’apprête à fumer.

…

  • Monsieur le Président, Si vous me poursuivez
  • Prévenez vos gendarmes, Que je n’aurai pas d’armes
  • Uniquement des taffes ils pourront tirer (Alors merci de penser à légaliser !)

Désolé Boris d’avoir massacré ton texte, sans même chercher à respecter les pieds… Dis toi que c’est pour la bonne cause ! Et puis de là où tu es, tu dois plus vraiment te dire quoique ce soit d’ailleurs alors, merde !
Passe quand même le bonjour à Johnny 😉

Journal Chimiothérapeutique

Chimio #3 – J+4 – November Rain

  • 28 octobre 2019
  • par Franck

Moral: 7/10 – Physique : 3/10 – Météo: pourrave – Poids: 87.6 – Inspiration : Rien à voir avec Guns N’ Roses !

Voilà un petit moment que j’essaie de me motiver pour écrire ici ces 3/4 lignes d’ordinaire salvatrices qui, à défaut de faire marrer l’auditoire, me font passer ce temps qui devient de plus en plus long. Voilà déjà 4 jours que la Chimio #3 est passée et comment dire… Hum…
Putain la vache, elle m’a bien défoncé celle là !

Je viens de passer les 3 derniers jours littéralement cloué au lit, au canap, au sol…, à dormir, à somnoler, à geindre… une vrai partie de plaisir. Je n’avais donc ni l’envie ni la force d’ouvrir l’ordi pour écrire… Ou faire quoique ce soit d’autre d’ailleurs. Ajouté à cela, une météo des plus déprimantes, un vrai Weekend spécial « Y’a quoi sur Netflix? ».

A dire vrai, je la redoutais un peu cette Chimio #3. Une semaine avant, j’ai tenté d’aller courir comme toutes les semaines. Je me sentais en pleine forme, montre connectée chargée à 100%, collant moule B* et chaussures serrées à block, prêt à avaler les kilomètres comme jamais. Dès le premier quart d’heure, en plus de revoir mes prétentions de distance à la baisse, j’ai la fréquence cardio qui monte à 180 bpm*.

*: 180 BPM est censé être la « limite » à ne pas dépasser quand on justement dépassé les 40 piges…

Bref, impossible de la faire redescendre même en ralentissant la course. J’ai tellement ralenti que j’ai failli reculer à un moment mais rien à faire, la fréquence continuait à monter inlassablement… J’ai peiné pour faire 5 km et j’ai terminé la course (ou marche rapide, question de référentiel) à 197 BPM. Difficile de retrouver de la fierté quand tu es à fond, à bout de souffle et qu’une mamie qui promène son chien dans la rue te dépasse avec un petit sourire en coin. (Même le chien se foutait de ma gueule je crois).

J’en profite donc pour ajouter un nouveau critère dans le format habituel du sous-titre, la note Physique qui semble ici prendre toute son importance à coté du moral. Et aujourd’hui encore, 4 jours après la divine cure, mon corps est toujours à la ramasse mais reprend des forces au fil des heures.

Le moral reste relativement bon. Je note un courageux 7/10 en moral alors que nous avons dû accepter une lamentable défaite de l’équipe de France en Quart de coupe du monde de Rugby, qu’il y a eu le passage à l’heure d’hiver ce dimanche, que le mois de Novembre arrive à grand pas et que Neymar Jr du PSG est toujours blessé… Quelle tristesse.
Enfin, passons sur toutes ces injustices !!!

Voici pêle-mêle, ce que j’ai pu noté au fil des jours pour voir l’état d’esprit :

J-0 : Jour de la chimio, Questions du soir:
1- Est-ce que j’ai envie de manger ? Hum… J’y pense mais, cela amène une autre question :
2 – Est que j’ai envie de vomir ? Hum… j’y pense, mais faudrait que j’arrive à me lever pour ça d’où la prochaine question…
3 – Est-ce que j’ai envie de me lever de mon lit ? Renvoie à la question 4…
4 – Est que j’ai envie d’avoir envie ? Putain Johnny, dégage de ma tête stp!!! Sinon la question 2 va trouver une réponse assez rapidement…
Bref moyen moyen…

J-1 : Retour de l’appétit.
Ok pour dire que c’est plutôt bon signe mais qui est le con qui a décrété que « Quand l’appétit va tout va » ???

J-2 : C’est Samedi, il faut beau!
Dialogue intérieur :
– Tiens, si on sortait un peu dehors, toi et ta carcasse pour prendre l’air ?
– Oh oui, bonne idée ! ça va faire du bien de marcher un peu !
1h plus tard…
– Argh… Il est déjà 14h30… avec le changement d’heure, il va bientôt faire nuit… On verra demain.
– Hum… Mais non, le changement d’heure c’est Dimanche… !
– Ah oui… tant pis quand même !

J-3 : Dimanche – Ouf !!! Il pleut !
Qui pourrait douter de la relativité du temps en comparant 3 semaines de vacances aux Seychelles et 3 semaines d’attente entre deux cures de ce putain de produit à la con!

Seulement 3 séances de passées sur 8 ! Mais je suis déjà presque à la moitié. Le chemin est encore long, mais comme on dit:
Plus c’est long, bah… plus c’est Long bordel !

Journal Chimiothérapeutique

Chimio #2 – J+12 – Passage en caisse

  • 15 octobre 2019
  • par Franck

Moral: 9.5/10 – Météo: Beau et chaud – Poids: 85.1 – Inspiration : Été indien

Me voici devant la page blanche ce matin et, j’avoue ne pas avoir grand chose à dire. Peut être est-ce parce que tout va bien. Loin de moi l’idée de me plaindre de la situation mais le temps est long et je suis impatient de d’atteindre la date de la prochaine fournée.

Question effets secondaires etc., j’ai un système immunitaire aussi efficace au travail qu’un syndicaliste à la veille des grandes manifs SNCF des fêtes de fin d’année. Dernier exemple en date, ma douce fille adorée que j’aime a eu la bonne idée de choper une Laryngite. Je lui ai pourtant dit d’arrêter de rouler des pelles à des inconnus dans la cour d’école, mais elle n’en fait qu’à sa tête. Bref, elle en a profité pour gentiment me la refiler. Résultat des courses, ça fait 3 jours que j’ai de la fièvre, la laryngite s’est transformé en angine blanche et je suis resté une bonne partie du weekend cloué au lit. J’en prends pour 8 jours d’antibios, normal. Vivement la période de gastro à l’école, là, je me fais hospitaliser direct !

Dimanche matin, la séance de running a vite tourné au fiasco. J’ai peiné à faire 3km mais j’étais content. Il faisait beau et j’ai pu faire quelques tours de stade avec ma fille et ça c’était très cool ! Même ma meuf/femme/Caro/concubine/colocataire était là ! Comme dirait Balou, « Il faut se satisfaire du nécessaire » !

La boule à Z est totalement intégrée dans mon éco-système, aussi bien chez mes proches que chez ceux qui le sont moins. J’ai bien surpris quelques regards étonnés mais cela à souvent eu le mérite de pouvoir entamer une discussion ou un échange de regards compatissants (ou concupiscent suivant les cas…). Je m’en faisais tout un monde et voilà que cela apparait comme un détail maintenant. Avec même quelques avantages non négligeables… Je ne risque pas d’attraper des poux cette année et terminé le Shampoing !

À ce propos, si je me présente un jour aux présidentielles, je proposerai le crâne rasé comme seule et unique coupe de cheveux autorisée, un peu à l’instar du brillant Kim Jong-Hun. Il faut savoir que rien qu’en France par exemple, il se vent en moyenne 476 000 bouteilles de Shampoing par JOUR ! Le peuple me détestera probablement*, mais les baleines me remercieront.

* ça tombe bien, c’est réciproque

Hier soir tout de même, en faisant 3 courses chez Monop, j’arrive devant ma caissière favorite et d’un air guilleret elle m’assène le classique :
– Ahhhh ! Mais vous avez changé de coupe de cheveux ???
Ma voix intérieure de petit connard parisien me dit :
– Hum, quelle perspicacité ! Dégaine ton « J’ai un cancer, connasse! », ça lui enlèvera ce petit sourire béat !
Moi : – Ahah ! Oui… d’un air gêné. Vous trouvez que ça me va bien ?
Et elle de répondre :
– Vous avez la carte Monoprix ?
Voix intérieure : – Putain ! Cette caissière est aussi interactive qu’une borne automatique! Vivement les stores Amazon où le passage en caisse ne sera plus qu’un lointain souvenir.
Nous finissons cette conversation déjà bien engagée :
– Tenez voici ma carte…

Ma voix intérieure est vraiment une belle petite ordure parfois… c’est pour cela que je l’aime tant.

Quant aux stores Amazon où la caisse et sa tenancière n’existent plus dans le futur… Je me demande si Jeff Besos (Patron d’Amzon et chauve lui aussi), n’a pas eu le même type d’expérience avec une caissière… Cela expliquerai pourquoi il a décidé de toutes les supprimer !

Qu’est-ce qu’ils sont forts ces américains !!!

Journal Chimiothérapeutique

Chimio #2 – J+3 – Vivement l’été prochain

  • 6 octobre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Moral: 8/10 – Météo: pluvieuse – Poids: 87.6 – Inspiration : Coupe du monde de rugby

Rhoo là là !!! Tu as vu, il a mis 8/10 en moral !?! Ça y est! Il est pas bien! Je le savais !!!
Avant de céder à la panique et une explication en 58 points de pourquoi ce 8/10, il convient de signaler que cette baisse de moral est relativement fréquente pour qui habite Paris en cette période de l’année…

Nous sommes début Octobre, le temps est pourri/de saison. Il pleut tous les jours, le soleil n’a pas daigné montrer sa face depuis un bon bout de temps et mon petit doigt me dit que ça va durer jusqu’en Février (voir fin Mai les bonnes années).

Tout a commencé hier soir en allant me coucher.
Ma voix intérieure m’a dit :
– Mec ! Demain matin, tu te lèves tôt et tu vas courir!! Ça va être trop cool !
J’avais bien envie de lui dire d’aller se faire… à la voix mais je me suis dit, allez, ça va le faire, même si tu ne cours que 500m.
Au lever, j’étais aussi motivé qu’un Philippe Martinez aux premières lueurs d’une journée de manif CGT* !

*: Je voulais mettre « qu’un terroriste à la vue d’un poste de police » mais le moment est peut être mal choisi.

Oui, mais voilà ! Comme la semaine dernière, un bon gros temps de merde ce dimanche. Il pleut, il fait froid, on vient d’allumer le chauffage bref, la totale.

Me voici donc derrière le clavier à tenter de trouver une blague ou deux histoire de ne pas céder à la déprime et de faire passer le temps en attendant France-Tonga (cdm de Rugby). Voilà déjà 3 jours que la chimio #2 est passée. A n’en pas douter, elle est clairement plus difficile à supporter que la première et pour être foncièrement honnête, je crois que ce matin, ça m’arrange bien de ne pas sortir petits collants moulants et chaussures de running…

Question effets secondaires, j’aurais un peu honte à me plaindre. Il n’y a rien de dramatique. Quelques nausées, un état général fébrile mais rien d’alarmant. Après une phase « comatage » hier où j’ai dû rester allongé une bonne partie de la journée à l’image du phoque de la chimio #1, ça va déjà beaucoup mieux. J’ai même réussi à faire 200m à pieds sans sourciller pour une injection de je ne sais pas quoi chez l’infirmière du quartier. Avec la volonté d’un guépard mais la vitesse de pointe d’une palourde à mi-cuisson, je suis arrivé légèrement tremblant mais fier tout de même.

Plus globalement, le corps supporte moins bien que la première et ça me fait un peu flipper pour les autres. A noter pour plus tard : Augmenter fortement la dose de sport la semaine prochaine pour préparer la #3.

Au rayon bonnes nouvelles, la boule a nettement diminuée en volume et ça fait rudement plaisir !

A noter aussi que le passage à la calvitie semble bien plus facile que prévu. Après avoir tout rasé la semaine dernière, les gens ont continué à me parler et dans la rue, personne ne m’a encore craché dessus (ou alors, ça a été en toute discrétion). Il est à supposer que d’ici quelque temps, tout cela paraîtra complètement normal et personne ne se rappellera que j’ai eu des cheveux un jour.

Comme redouté dans mon dernier article cependant, la réaction de ma fille a été dure à gérer. On a eu beau tenter de la prévenir et de la préparer durant ces dernières semaines, je pense qu’elle a été un peu choquée de voir Kojak débarquer en lieu et place de son père. Pendant 5 bonnes minutes qui en ont semblé 1000, elle n’arrêtait pas de dire que c’était Horrible, Horrible, Horrible et c’est exactement l’idée et l’image qui raisonnait dans ma tête. Elle ne voulait pas me toucher ni s’approcher, l’expression de son visage était partagée entre rire, moquerie, gêne, peur et j’aurais du mal à caractériser le ton de sa voix tant je ne l’avais jamais entendu parler comme cela. Une petite épreuve dont je me serais bien passé mais qui n’a duré qu’un temps.

Quelques minutes de plus ont suffit pour qu’elle finisse par passer sa main sur mon crâne en trouvant cela plutôt marrant puis on est passé à autre chose. Lors du coucher, elle m’a dit que finalement, elle aimait bien ma nouvelle tête, qu’elle trouvait que ça m’allait très bien et qu’elle voulait aussi avoir la même coupe de cheveux ! Ouf Sauvé !

Pendant le temps de la rédaction de cet article, la France s’est imposée face aux Tongas, le soleil a fait une timide apparition et le catalogue Netflix est toujours aussi pourri. Ce soir j’ai envie de manger une tartiflette ou un cassoulet, signe que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Journal Chimiothérapeutique

Chimio #2 – J-1 – Take me out

  • 2 octobre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Moral:9,5/10 – Météo: changeante – Poids:85.1 – Inspiration : Franz Ferdinand

Une nouvelle journée qui commence, la main dans les cheveux pour voir l’étendue matinale des dégâts, c’est devenu une fâcheuse habitude… Je n’y vois pas très clair à cette heure là, mais j’ai l’impression que là c’est chaud, chaud, chaud ! Une bonne masse de cheveux dans la main, il est temps de passer à la vitesse supérieure.

J’accompagne ma fille (adorée) à l’école, je ne raterais ça pour rien au monde et de retour à l’appart, je me colle à la tâche hardue d’en finir avec cette forêt en friches. Réglage de la tondeuse épaisseur fine tranche de Serrano et c’est parti pour la mise à nue. Le premier passage de rasoir fait un peu mal, psychologiquement s’entend. Caro me regarde avec un petit air désolé tirant légèrement vers le déprimé. Mais c’est suffisamment lamentable pour qu’on en rigole finalement.

10 minutes après, le lavabo est complètement saturé. J’ai pas vraiment envie de les récupérer pour en faire un pull*.

* C’est vrai ça? Qu’on peut faire des pulls avec des cheveux? Pour le coup, ça me rend un peu perplexe… Merde, je viens de regarder sur internet, et il y a bien une nana qui fait ça! On arrête pas le progrès ! (Voir l’article ici)

N’ayant que des souvenirs assez vagues de quand j’avais 1 mois, je peux voir mon crâne pour la première fois de ma vie..! Ça parlera peut-être à certains mais à 41 ans, les premières fois se font de plus en plus rares alors, on en profite…

Comme nous sommes tous plus ou moins contraints à faire ce que l’on peut avec ce que l’on a, je me dis que ce n’est pas si grave. Ça change le look. Le côté ex-taulard tout juste échappé de prison était bien à la mode du temps de Prison Break, merde! Hey, c’est pas si mal finalement… Non mais attend! Je Kiffe Grave en fait !!!

Passons sur l’auto-emballement nécessaire à avaler la pilule, je me dis surtout que la principale appréhension que j’avais disparait comme par magie, que c’est cool et c’est heureux ! Ok, je redoute encore un peu la réaction de ma fille qui, en plus de se moquer, va probablement dire que je ressemble à un méchant de dessin animé mais j’ai la certitude profonde que l’on en rigolera, là aussi !

Je suis toujours étonné de la plasticité de la perception dont chacun peut faire preuve. Cette possibilité que l’on a de modifier la façon dont on voit les choses (Ok, ça marche pas tout le temps….). Mais quand même, que cela vienne de l’esprit, du cerveau, de la qualité du shit (ou de la la connerie, ça marche aussi), c’est assez incroyable.
Petit exemple pratique :
– Maman, je suis désolé, j’ai défoncé la voiture contre un arbre…
– Oh la la !!! Mais, tu n’as rien mon chéri ? Comment est-ce arrivé ???
– Mais non, c’est pas vrai, c’était une blague ! Par contre j’ai eu un 5 en philo…
– Ah, tu m’as fais peur. Ce n’est rien un 5 en philo… je dirais même que tu as nettement progressé.

* Cette scène est une pure fiction, non seulement ce n’était pas contre un arbre mais dans un champs de vignes, et je n’ai jamais eu au dessus de 4 en philo !

Bref, quand arrive une mauvaise nouvelle, elle est souvent accompagnée d’une bonne, ou d’une moins mauvaise et surtout je crois qu’on est capable de trouver ça normal et de s’habituer à tout… Excepté peut-être à Michel Drucker le dimanche après midi. Sacré Michel ! Mais que fait le CSA bordel?

On s’arrête ici pour l’instant, il est 13h, j’ai faim ! Et il m’est totalement impossible d’écrire pendant que j’écoute Since I’ve been loving you ! Ah oui, au fait ! J’ai mis Franz Ferdinand en inspiration car j’avais envie de Rock ‘n’ Roll à fond ce matin. Inutile de te dire que cette daube n’a pas tenu longtemps et que je suis vite retourné à Led Zep… Ouf, ça a sauvé ma matinée. En cet instant solennel je tiens à remercier à Led Zeppelin d’être d’une part, présent sur Spotify et d’avoir écrit Black Dog d’autre part! Le rock, c’est comme la météo, c’était mieux avant!

PS : Allez, un p’tit Immigrant Song pour la cuisson des spaghettis, ce sera parfait !

Journal Chimiothérapeutique

Chimio #2 – J-5 – Mal aux cheveux

  • 28 septembre 201918 octobre 2019
  • par Franck

Moral:9,5/10 – Météo: pas ouf – Poids:85.4 – Inspiration : en chute libre (ahaha)

Cela fait 3/4 jours que j’ai mal aux cheveux. La sensation ressemble étrangement au réveil d’une gueule de bois carabinée et que tes cheveux semblent pousser dans le mauvais sens. Racines des cheveux douloureuses, légères démangeaisons; Bref, je sens que ça arrive…

Depuis le début de la chimio, j’ai pris le réflexe de passer ma main dans les cheveux pour constater les dégâts et je m’en tirais bien jusqu’ici mais ce matin, bingo, 1 cheveux dans la main, puis 2, puis 4, puis…  Bob??? C’est toi??? Je trouve ta vengeance logique mais assez minable. Tu es vraiment un être méprisable.

Je mentirais si je disais que ça ne me faisait rien. Ce matin, ça me fait carrément chier même. On a beau être prévenu, on a beau s’y préparer depuis de longues semaines, on a beau s’auto-convaincre que ce n’est pas grand chose, que c’est temporaire, tout ça, tout ça… 

Je crois surtout que, quelque soit la situation, on espère toujours passer entre les gouttes…

Ce matin, j’ai sorti ma tondeuse, prêt à en découdre mais ma meuf me demande d’attendre encore un peu… Je ne comprends pas trop pourquoi, après tout, moi aussi, je fais ce que je veux, avec mes cheveux. Mais ok, attendons demain et profitons gaiement de ces derniers instants capillaires.

Je vois déjà tous ces gens sympathiques, gonflés à bloc de compassion, m’expliquer que ce n’est pas grave, que ça repoussera, que ce n’est que de l’apparence etc. Ils auront probablement le cas d’un proche à me soumettre là aussi. Je les remercie ici par avance, ça m’évitera de le faire de visu.

Quant au look Monsieur Propre, je me dis pourquoi pas, après tout. Même si il puait un peu le citron javelisé, il avait une certaine forme de classe, je suppose. J’avoue que quand j’étais gosse, j’avais d’autres rêves en tête que celui de ressembler au petit génie de la lessive et des surfaces carrelées qui brillent, tout musclé et élégant fut-il.

Le plus étrange, et ce qui me gène le plus dans cette histoire, ce ne sont pas les gens que je connais, ni ceux que je ne connais pas, mais les entre-deux… Je m’explique : 
– Les gens que je connais sont déjà plus ou moins au courant. Dans l’absolu ils ne seront donc pas choqués outre mesure. Au pire, ils se diront d’un air consterné : Merde! C’est chaud quand même !… Ils auront, je l’espère, la délicatesse (ou la décence) de faire mine qu’ils n’ont rien remarqué, que ça leur paraît normal ou même, pour les plus aventuriers, que cela ne me va pas si mal que ça.
– Les gens que je ne connais pas, ben, on s’en fou un peu je crois.
– Les pires donc, les entre deux… Tout ces gens que l’on côtoie sans connaître, ceux avec qui l’on échange sur la météo du jour, ceux à qui l’on dit bonjour le matin à l’école sans leur parler. La boulangère du coin de la rue, qui par ailleurs, fait la meilleure wiche Lorraine de tout Paris, la coiffeuse (ah, non, plus besoin d’aller la voir, tant mieux, je déteste aller chez le coiffeur). 
Tous ces gens remarqueront sans nul doute la débâcle en cours, ils en parlerons peut être à leur conjoint(e) respectif(ve) en disant:
– Tu sais le père d’Elisa…
– Non, je vois pas
– Mais si, le super beau gosse, hyper sympa… !
– Ah oui, ça y est, je vois, et bien quoi ?!!!
– Eh ben, je crois qu’il a un cancer…

Je serai toujours dans une position délicate entre vouloir leur expliquer et retomber dans la nième explication de mon état etc. ou faire semblant de ne pas voir leur réaction de surprise/pitié.

Voilà pour le côté emmerdant de la chose car il est parfois pratique de pouvoir dissimuler son état de fatigue avec un sourire ou une blague mais sans cheveux, difficile de faire diversion. Heureusement que l’hiver arrive, le bonnet me sauvera sûrement de moultes situations délicates.

Il n’y a pas grand chose à dire de plus, le moral reste inchangé et c’est heureux. Nous sommes toujours dans le premier quart temps de cette « longue maladie » comme on dit dans les médias. Il ne s’agit pas d’un sprint et d’un combat comme j’ai cru au départ mais bien d’une course de fond…

Je prends donc mon temps et j’en profite (de ouf). Je vais particulièrement bien, les oiseaux chantent, l’herbe est toujours plus verte qu’avant et suis entouré par des gens extrêmement biens veillants. Voilà pour le passage de pommade…

Pour le reste, Chimio #2 dans 5 jours et il n’en restera plus que 6! Le temps est long alors on profite ! C’est un ordre !

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